Selon le directeur général de la santé, qui s'exprimait lors d'une séance d'audition à l'ARP, jeudi, «le bilan de l'épidémie de Covid-19 en Tunisie est de 4.5 millions d'infections et de plus de 21 mille décès». Il a expliqué que près de 4.000 décès imputables au Covid n'ont pas été comptabilisés. Cette annonce a été faite alors que les taux de contamination par gouvernorat dépassent les 800 cas pour cent mille habitants. Si ses propos s'avèrent justes, ce sont quatre mille cérémonies d'enterrement qui ont été organisées au cours desquelles les rituels de lavage des corps et de l'inhumation n'ont pas respecté le protocole sanitaire. Combien de personnes ont-elles contracté le virus à cause de cette omerta sur les décès par Covid ? On ne le saura jamais. Pourquoi ces décès n'ont-ils pas été signalés ? Motus et bouche cousue. Le plus probable est que ces personnes n'ont pas été prises en charge par des structures sanitaires et qu'elles sont mortes chez elles. En effet, faute de lits d'oxygène ou de réanimation, plusieurs malades du Covid ont été contraints à une hospitalisation à domicile. En témoigne la grande pression sur la location des concentrateurs d'oxygène par les citoyens. Les décès survenus à domicile sont constatés par des agents de la Protection civile ou par des médecins de famille qui n'y ont vu que du feu. Car la cause du décès dans la plupart des cas apparaît sous forme d'arrêt cardiaque. D'abord, il faut rappeler que 80 % des personnes atteintes de Covid-19 présentent des symptômes légers. Pour le reste des malades, ce sont les complications pulmonaires qui surviennent en premier et nécessitent parfois une hospitalisation. Environ 5 à 10% des malades ont besoin de soins intensifs et d'une assistance respiratoire. Pour ces cas sévères, on parle de «tempête de cytokines» ou d'orage cytokinique qui se manifestent par une hyperinflammation qui prend forme par des complications liées à une réaction inflammatoire qui devient systémique et entraîne une baisse de l'oxygénation des différents organes, et peut provoquer une insuffisance rénale, des troubles hépatiques et une hypotension artérielle très graves. Selon les études, la septicémie est la complication la plus fréquente, suivie d'une détresse respiratoire, d'une insuffisance cardiaque et d'un choc septique qui conduit à la mort. Si le médecin n'est pas au courant de la contamination, il peut constater la mort par arrêt cardiaque. Car si une personne meurt chez elle, on ne prend pas la peine de faire un scanner ou un prélèvement pour déterminer la cause du décès. A qui la faute ? Elle n'incombe certainement pas à la famille du défunt ou au médecin qui ne fait que constater la mort. Car, ce sont des citoyens qui, faute de prise en charge hospitalière, se cachent chez elles pour... mourir.