La Tunisie connaît depuis le mois de juin une vague épidémique extrêmement forte, avec un nombre de cas confirmés proche de 10.000, certains jours. Plus de 5.000 personnes ont perdu la vie au cours du mois de juillet. Le taux de mortalité en Tunisie du au covid-19 durant cette période a été un des plus élevés du monde. Les services d'urgence et de prise en charge des patients coronavirus ont connu la saturation. Et les besoins en oxygène médical ont été multipliés par 8, bien au-delà des capacités de production de la Tunisie. Dans ce contexte, Dr Yves Souteyrand, Représentant de l'Organisation Mondiale de la Santé, a mentionné que, depuis quelques jours, le nombre de cas confirmés a sensiblement diminué. Cette diminution est en partie due à la baisse du nombre de tests, du fait d'une moindre demande. Pression sur les hôpitaux Par ailleurs le taux de positivité est sensiblement descendu, de 35% à 25%, ce qui indique une circulation du virus moindre, mais encore très élevée. L'incidence de nouveaux cas diminue dans la plupart des gouvernorats. Enfin, la pression sur les hôpitaux est moins forte. Ainsi, différents indicateurs semblent indiquer une diminution de la vague épidémique. Il est possible que le pic soit passé. Mais il faut être prudent dans les conclusions et suivre de très près les chiffres des prochains jours qui incluront les effets possibles des rassemblements familiaux et sociaux à l'occasion des fêtes de l'Aïd. Et il ne faut surtout pas baisser la garde, mais continuer d'appliquer scrupuleusement les gestes barrières, face à un variant très contagieux Le nombre de tests effectués par jour a baissé au début du mois de juillet mais cette baisse ne semble pas due à une moindre disponibilité des tests, mais à une moindre demande. La stratégie de la Tunisie consiste à ne tester que les personnes symptomatiques. Une explication optimiste de cette baisse du nombre de tests serait que moins de personnes ont manifesté les symptômes du covid-19, et n'ont pas eu besoin de se faire tester. Dr Souteyrand a ajouté également qu'au niveau mondial, aujourd'hui, les chiffres publiés par l'OMS ne montrent pas qu'il y a un recul de l'épidémie et une baisse du nombre de nouveaux cas enregistrés d'une semaine à une autre. Donc nous ne pouvons pas parler de recul. Depuis quatre semaines, le nombre de cas au niveau mondial augmente, avec 4 millions de nouveaux cas par semaine. Deux régions de l'OMS connaissent une croissance particulièrement forte : la région du Pacifique Oriental (+ 33% de cas en une semaine, avec de très fortes hausses au Japon et en Malaisie) et la région de la Méditerranée Orientale (+33%), celle de la Tunisie, avec des augmentations très fortes au Maroc, en Iran et en Irak. Ce sont également ces deux régions qui connaissent la plus forte augmentation du nombre de décès (respectivement +48% et +31%). Dans les autres régions, ce nombre est stable, voire en baisse dans la région des Amériques. Les vaccins disponibles et inscrits sur la liste d'urgence de l'OMS sont de qualité, efficaces, et sûrs. Ils sont en particulier très efficaces pour prévenir les formes graves de la maladie, les hospitalisations et les décès. Par ailleurs, la Tunisie vient de connaître des jours extrêmement difficiles. Des milliers de familles ont été affectées par des décès de proches. Le système de santé a été mis à l'épreuve et il a tenu grâce à un engagement remarquable des professionnels. Va-t-on vers des jours meilleurs, nous pouvons l'espérer au regard des indicateurs. Mais le virus continue d'être présent et de circuler intensément. Il revient à chacun de faire en sorte que cette amélioration se confirme, en renforçant les comportements préventifs : ports du masque, lavage des mains, distanciation physique, aération des pièces, et éviter les rassemblements. Durant cet épisode de crise sanitaire, la Tunisie a bénéficié d'une solidarité internationale extraordinaire à laquelle l'OMS a contribué. La mobilisation de la société civile et de la diaspora a été également remarquable. Le pays a reçu des hôpitaux de campagne, des équipements de réanimation, des concentrateurs et des générateurs d'oxygène qui l'ont aidé à passer ce cap et qui permettront d'être beaucoup mieux préparé à de possibles futures vagues. Et il a reçu des millions de doses de vaccin qui vont lui permettre d'accélérer sa stratégie de vaccination. Jusqu'à présent la disponibilité des vaccins était un obstacle majeur à la vaccination. Ça n'est plus le cas aujourd'hui et il est important que chacun engage la démarche pour être vacciné. La vaccination sauve des vies. Être vacciné, c'est protéger sa santé, protéger celle des autres et préserver le système de santé tunisien, a conclu Dr Yves Souteyrand.