Réalisateurs, acteurs, scénaristes et critiques africains, arabes et tunisiens ont répondu présent pour la célébration annuelle du septième art, avec Nejib Belkadhi, désigné maître de cérémonie. Humour, bonne humeur et dérision ont ponctué son speech. Les jurys des différentes sections ont défilé sur la scène de l'Opéra après le discours de Ridha Behi, directeur de l'édition de 2021. Mme Hayet Ktat Guermazi, ministre des Affaires culturelles, a prononcé un discours devant un public attentif. Elle a souligné l'engagement et la portée du festival, un patrimoine culturel à sauvegarder. Ensuite, c'est l'actrice égyptienne Basma et le directeur des JCC, Ridha Behi, qui ont annoncé officiellement le démarrage de l'édition pour clôturer la cérémonie. Le film «Lingui : les liens sacrés» a ainsi été projeté et présenté par son réalisateur Mahamat Salah Haroun. « Lingui : les liens sacrés » : autour d'un tabou Présenté par son réalisateur au public des JCC, le film tchadien « Lingui : les liens sacrés » traite une thématique d'actualité et qui reste toujours aussi brûlante dans le monde et encore plus en Afrique subsaharienne : celle de l'avortement. Présenté en compétition officielle à Cannes, ce long métrage d'une heure trente nous plonge dans les faubourgs de N'djaména au Tchad. Amina vit seule avec Maria, sa fille unique de quinze ans. Son monde déjà fragile s'écroule le jour où elle découvre que sa fille est enceinte. Cette grossesse, l'adolescente n'en veut pas. Dans un pays où l'avortement est non seulement condamné par la religion, mais aussi par la loi, Amina se retrouve face à un combat qui semble perdu d'avance. Commence alors une lutte sans merci, foncièrement sociétale. Cette pratique reste largement un tabou dans de nombreux pays africains et subsahariens, interdite par la loi et par la religion. Ce drame social interroge le rapport des femmes avec leur corps, le regard lourd que porte la société. Un regard pesant subi par la mère et par la fille. Ficelé, avec une trame narrative solide, le film nous plonge dans les us et coutumes du Tchad, porté par le jeu des deux actrices du film, saisissantes d'authenticité et de naturel. Le film aborde d'autres sujets comme l'excision, le droit des femmes, la solidarité féminine dans une société patriarcale et leur place au sein de la société. « Lingui : les liens sacrés » a été en compétition officielle au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) et a remporté récemment le prix de l'Assemblée nationale du Burkina Faso.