C'est une impression qui se confirme de plus en plus en voyant de quelle manière se comportent bien des Tunisiens. Nous parlons, bien entendu, des comportements spontanés et non pas ceux qui sont provoqués intentionnellement, obéissant à des actions réfléchies pour nuire, entraver, bloquer ou détruire, pour des considérations politicardes. Nous en avons bavé durant plus d'une dizaine de jours à propos de l'huile compensée. Ce «zit el Hakem » a été, paraît-il, distribué en grande quantité. On n'en a pas vu dans les grandes surfaces, ni dans les épiceries que nous avions visitées pour poser la question. La réponse est un signe du menton vers la pile des cageots remplies de bouteilles vides à l'entrée de la boutique. «Nous en aurons peut-être dans quelques jours, une fois que l'on aura satisfait populaires du Grand Tunis». C'est l'explication, que nous trouvons plausible. L'urgence est pour ceux qui sont plus démunis, mais... le temps que l'on s'y prenne pour le reste du territoire, nous aurons le temps d'enregistrer quelques augmentations des huiles végétales qui se rapprochent allégrement des prix affichés par notre huile d'olive nationale et...une nouvelle disparition de l'huile compensée qui nous replongera dans le doute. Le doute caractérise aujourd'hui toute réaction de la majorité des Tunisiens lesquels se demandent à chaque nouvelle annonce à caractère politique, économique ou autres, ce qu'il y a de vrai dans ces effets d'annonces, observant au passage une moue qui en dit long sur ce qui se passe dans leurs têtes. Arnaques déguisées C'est que dans ce magma que constitue le marché qui fournit ce dont a besoin un consommateur normal qui a délaissé le luxe, devenu inapprochable, hors de portée, nous relevons bien des arnaques. Si vous achetez du dentifrice, soyez certain que le tiers du tube est rempli d'air. Si vous avez besoin de colle, c'est la même histoire. Si vous avez envie d'un yaourt, vous remarquerez que l'on délaisse de plus en plus, au niveau de presque tous les producteurs, les pots de 110 grammes et que l'on a adopté celui de 100 grammes, tout en gardant le même prix. Si vous achetez du riz ou du sucre les paquets comptent souvent, très souvent, quelques grammes en moins. Nous savons bien sûr que le remplissage se fait automatiquement et que les machines ont parfois (souvent ?) des ratés qui constituent un gain pour le fournisseur et une perte pour les millions de consommateurs qui font rarement attention à ce genre de «chicanes». Pour faire la part des choses, il faudrait seulement se poser une question tout ce qu'il y a de plus naïve : de quelle manière s'effectue le contrôle ? Si vous avez besoin de café, on vous enfile le produit tout en « oubliant » que l'emballage a été payé à plus de quatorze dinars le kilo. Si vous allez dans une infirmerie on vous fait payer trois dinars l'injection intramusculaire, alors qu'elle est de un dinar dans les pharmacies. Nous risquons de remplir tout un journal avec ce genre d'exemples. L'essentiel réside en cette malheureuse constatation : les prestataires de services, les producteurs dans bien des secteurs, encouragés par l'impunité qui règne, font régner « leur loi ». Au consommateur de s'y plier ou d'aller se faire voir ailleurs ! Oui, mais comment ? Le covid-19, avec son nouveau variant Omicron, refait trembler ceux qui pensaient qu'ils étaient sur le point de se débarrasser du coronavirus. Nous ne sommes pas à l'abri. Le ministère de la Santé vient de nous rassurer en nous assurant que tout est prêt pour faire face à une nouvelle vague. Très bien mais comment ? Il ne faudrait pas oublier qu'au tout début de cette pandémie, qui a emporté plus de vingt cinq mille des nôtres, nous avions entendu la même chose, puis ce fut le plongeon dans l'inconnu, le doute et le désespoir. En fin de compte, et cela a été prouvé par la suite, lorsque le vaccin est arrivé, que c'était une question de moyens, de matériels et non d'hommes et de corps médical. Bien entendu, l'arrivée à la rescousse du Département de la Santé Militaire a énormément aidé et surtout mis de l'ordre et de la rigueur, mais le système a bien relevé le défi et nous avons en un temps record dépassé ceux qui avaient commencé à vacciner avant nous. Il est, bien entendu, qu'une véritable préparation se fait aussi bien en prenant en compte les hommes et femmes dont nous disposons (les volontaires ont d'ailleurs joué un rôle extraordinaire), mais aussi la disponibilité du matériel. Un matériel qui a la fâcheuse habitude de disparaître sans laisser de traces. D'ailleurs, le commun des observateurs se demande où en sont les «affaires» de ce matériel disparu, détourné, criminellement retiré du rôle qui devrait être le sien. Tout ce matériel reçu, et déployé un peu partout, a-t-il été répertorié, soigneusement stocké, remis en état ? Savons-nous où il est et qui en est responsable ? Est-il en état de marche pour faire face sans anicroche à toutes les éventualités ? C'est à voir, dès maintenant pour éviter d'être surpris. Tout a été oublié Indépendamment de cet aspect, le Tunisien a repris ses vieilles habitudes. Les grandes surfaces ne désemplissent pas de consommateurs qui omettent de mettre le masque alors que le port de ce dernier est obligatoire. Dans les mosquées, on a remis les livres à consulter, en circulation, les fidèles « oublient » le port du masque, et l'usage d'un tapis personnel. Dans les marchés, on est au coude à coude, souvent sans masque. Le passe sanitaire qui sera obligatoire réglera-t-il cette question ? C'est à voir. Et... pour couronner le tout, on entend des personnes, mues par des considérations qui nous dépassent, en ces temps de pandémie et alors que le monde entier, dans les pays les plus démocratiques et où la liberté individuelle est sacrée, refuser de se faire vacciner. Autrement dit, elles sont « libres » d'attraper cette vilaine maladie, de contaminer, leurs proches et familles, leurs voisins et de devenir un danger pour autrui. Vive la liberté ! Le vaccin de la grippe hors de portée Le prix de ce vaccin saisonnier contre la grippe a été presque multiplié par quatre. Cours de la monnaie, frais divers, toute explication est respectable. Sauf qu'à plus de cinquante dinars la dose, c'est un peu cher surtout pour ceux qui ont des difficultés pour boucler leurs fins de mois. Ne parlons pas des retraités, plus vulnérables et qui sont tout près de leurs sous. En fin de compte, avec une Cnam, qui ne reconnaît pas cet acte, il va y en avoir des personnes grippées, qui ne viendront pas au travail, bénéficieront d'un congé de maladie qui pèsera de tout son poids sur le rendement et qui nécessitera des prescriptions médicales aussi longues que coûteuses. Une question à poser à qui de droit : est-ce si difficile de fabriquer un vaccin contre la grippe ? Il y a des domaines où les petites économies de bouts de chandelle ne marchent pas du tout. Si les privés pourraient, le cas échéant, se mettre à l'abri en payant le tout ou en partie ce vaccin pour éviter une baisse de la productivité, qu'en sera-t-il du secteur étatique déjà mal en point ?