Le paysage médiatique national, plus particulièrement audiovisuel, offre aux Tunisiens, de manière quotidienne, de par la profusion des chroniqueurs qui sévissent, jour et nuit, sur les plateaux TV et radios et s'y imposent comme les détenteurs des vérités absolues et les guides exclusifs du mouvement idéal national, l'opportunité de se poser la question suivante : et si ces nouveaux objecteurs de conscience et donneurs de leçons ne faisaient qu'abuser de la révolution et porter atteinte à la valeur numéro un charriée par cette même révolution, à savoir la liberté de pensée et d'expression, et aussi — faut-il le rappeler à ceux qui l'oublient ou l'ignorent intentionnellement ou n'en ont pas connaissance par manque d'apprentissage — l'obligation absolue de préserver la mémoire nationale et de respecter scrupuleusement la capacité des Tunisiens au discernement et à l'évaluation des événements comme ils se sont réellement produits ? Il est, en effet, de plus en plus inquiétant d'assister à des programmes de divertissement ou même à des débats et des échanges où les vérités historiques sont sciemment introverties et où même les événements datant parfois de quelques années sont commentés par des chroniqueurs qui reconnaissent d'eux-mêmes ne rien savoir sur ces épisodes ou sur les hommes qui les ont animés mais s'autorisent le droit de les juger et d'orienter l'opinion publique vers leur interprétation à la faveur des intérêts ou des agendas de certaines parties. A qui la faute ou la responsabilité d'inonder nos petits écrans aux heures de grande écoute par ces professionnels (le plus souvent malgré eux dans la mesure où plusieurs parmi eux n'hésitent pas à s'excuser de leurs erreurs quand l'observation est faite par les connaisseurs) «de la désinformation ou même du mensonge prémédité» pour certains qui servent franchement et clairement des agendas dont les auteurs agissent, désormais, au vu et au su même du citoyen lambda. On se pose la question tout en sachant que dans l'ambiance de confusion générale et de méfiance généralisée qui règne dans notre pays personne n'est en mesure d'y répondre. Et les premiers qui ne peuvent pas s'expliquer ce phénomène, ce sont bien ceux parmi les acteurs du paysage politique national dont les chroniqueurs et les chroniqueuses prétendent servir les agendas ou ambitions.