Les interrogations n'en finissent pas. L'on se demande encore et toujours pourquoi certaines parties continuent, à tout-va, à induire l'opinion publique en erreur, alors que leur implication dans des pratiques liées aux campagnes électorales est bien prouvée. « Les contrats de lobbying dont est particulièrement accusé Ennahdha sont publiés sur le site officiel du Département de la Justice des Etats-Unis. Ils ont été transférés aux autorités judiciaires compétentes ». C'est notamment ce qu'affirme l'organisation I Watch qui a démenti la version du mouvement islamiste selon laquelle il n'aurait scellé aucun contrat de lobbying, « ni à titre officiel, ni par procuration ». A l'heure où la politique devient une activité à enjeu douteux, entraînant des excès et des dépassements de plus en plus difficiles à contenir, les arguments d'Ennahdha pour se disculper ne s'arrêtent pas pour autant là. Contesté plus que défendu, le mouvement va jusqu'à fustiger la volonté de certaines parties politiques de l'évincer, en s'appuyant sur « les dispositifs de l'Etat et en tentant d'assujettir et d'intimider le secteur de la justice ». Pis encore, il n'hésite pas à affirmer que les tentatives de diffamation dont il fait l'objet « font désormais partie du discours officiel du Président de la République ». L'on ose reconnaître que pendant toute une décennie, le paysage politique s'est encombré d'acteurs incapables de faire l'unanimité, encore moins de convaincre l'opinion publique. Le fait est là: l'on ne cesse d'assister à une déformation particulièrement orientée vers l'excès et la disproportion. Beaucoup d'acteurs politiques associent avec imprécision intérêt national et intérêt partisan, pour ne pas dire intérêt personnel. Ils en font un prétexte, voire parfois une raison, pour dénaturer tout un milieu. Il n'en demeure pas moins qu'on ne voit pas comment l'on est tombé si bas pendant plus de dix ans sans qu'aucune partie n'ait pris les mesures nécessaires pour y faire face. Pour avoir subi sans relâche les mauvaises manières, pour avoir à composer avec des acteurs auxquels on ne reconnaît pas vraiment le mérite, le paysage politique s'est heurté à un déficit de crédibilité et de fiabilité. Il ne faut pas chercher ailleurs l'origine du malaise de la classe politique tunisienne, ni encore les raisons qui ont conduit à un milieu dénaturé et dénué de sens. Une classe politique dont la majorité ne semble plus convaincre, encore moins rassurer l'opinion publique. Dans la mesure où la majorité des Tunisiens ne semblent plus croire à ce qu'ils prétendent, ou même à ce qu'ils préconisent, ou bien leur faire confiance, on ne s'étonne pas des arguments et des justifications lancés ici et là au moment où la présence de certains n'est plus même acceptée…