Quand la course au buzz et la recherche de l'audience quels qu'en soient le prix et les conséquences deviennent la règle fondamentale régissant les émissions proposées à l'opinion publique nationale et internationale par certaines chaînes TV qui accaparent, depuis quelques années, le paysage audiovisuel national, on ne doit plus s'étonner, dénoncer ou s'indigner des dérives inacceptables et des dépassements immoraux commis épisodiquement par ces mêmes chaînes TV en faisant fi aussi bien des règles élémentaires de la profession journalistique que du respect de l'intégrité physique et de la dignité des victimes de ces vidéos qu'on transmet sur le petit écran, lors des heures de grande écoute, et qui nous font découvrir les atrocités épouvantables et les actes répréhensibles subis ou perpétrés par certains de nos concitoyens, dans des circonstances le plus souvent confuses et dont l'éclaircissement relève exclusivement de l'action des autorités judiciaires. A la faveur de l'incendie qui a ravagé, jeudi dernier, le siège d'Ennahdha, on s'est retrouvé malheureusement face à un nouveau «scandale TV», œuvre de l'une de nos chaînes les plus regardées ces derniers temps. Il s'agit, en effet, de la décision prise par la chaîne en question de diffuser une séquence vidéo, avançant l'avoir reçue de la part d'une partie ou d'une source qui lui est inconnue, révélant les derniers instants qui ont précédé l'immolation par le feu d'un individu au siège du parti nahdhaoui. Et la diffusion de cette vidéo enregistrée par les caméras de surveillance installées au siège d'Ennahdha de soulever l'indignation générale et la condamnation partagée des instances en charge de la protection des données personnelles et aussi des militants des droits de l'homme, toutes sensibilités confondues, considérant, en effet, «ce faux scoop», comme une violation criante du droit du citoyen au respect strict de son intégrité physique et morale. Ceux qui ont pris la malheureuse décision ne savent-ils pas qu'il est formellement interdit à tout média écrit ou audiovisuel de répandre des images montrant les morts au moment où ils sont fusillés ou brûlés ou lorsqu'ils s'immolent par le feu, des enfants qui sont battus violemment par des adultes ou des femmes subissant des actes de violence ou de harcèlement sexuel ou ayant été l'objet d'accidents mortels, comme ce fut le cas pour plusieurs ouvrières agricoles ? Il est temps pour ceux qui diffusent ces images ou même ceux qui les filment et les font parvenir via des moyens souvent incompréhensibles, voire louches, de saisir qu'ils ne font que se salir et souiller leurs commanditaires à travers ces pratiques éhontées.