Une question s'est posée avec insistance et à laquelle il urge de répondre avec le maximum de clarté et de transparence: les médias nationaux, notamment audiovisuels, ont-ils réussi à accompagner avec le professionnalisme requis les deux grands événements qui ont marqué ces derniers jours la mise en résidence surveillée du vice-président d'Ennahdha Noureddine Bhiri et la décision du parquet de faire comparaître devant la justice 19 personnes pour délits électoraux commis lors de la campagne pour les élections présidentielle et législatives de fin 2019 ? Pour être plus clair, voilà près de 10 jours que les médias nationaux ainsi que les réseaux sociaux, principalement Facebook, traitent quotidiennement des deux affaires, font parler tous les experts qui circulent dans la cité et ceux aussi qui n'ont jamais parlé, proposent les lectures les plus controversées de ce qui s'est passé et introduisent ou livrent, en toute assurance, des données et des informations dont ne disposent pas les services de renseignements les plus informés dans le monde. Malheureusement, face à ce cafouillage médiatique sans précédent et face à cette inflation informationnelle, les Tunisiens restent toujours sur leur faim, considèrent que leur presse, tous médias confondus, ont de nouveau raté le coche en laissant planer le doute et en cultivant la division, évitant de recourir à la méthode la plus classique, celle consistant à informer l'opinion publique le plus clairement et le plus simplement du monde en usant d'un langage simple et à la portée du plus grand nombre possible de citoyens et aussi et surtout en tournant le dos aux analyses savantes, aux interventions complexes et compliquées de certains juristes qui excellent dans l'art de brouiller toutes les pistes et de maintenir ceux qui suivent ce genre d'affaires dans une position d'otages suspendus à ce qu'ils professent, à tort ou à raison, et obligés de répandre ce qu'ils entendent comme étant des vérités scientifiques ou, dans le cas actuel, comme des preuves juridiques accablantes. Il reste à se demander ce que pouvaient entreprendre nos médias face à ce phénomène qui n'a pas épargné même les journalistes connus pour leur professionnalisme et leur capacité à sentir les pièges et à s'opposer à l'instrumentalisation. Loin de nous de prétendre détenir la réponse ou oser donner des leçons à quiconque. Toutefois, il est de notre devoir et du devoir de tous, estimons-nous, de nous poser la question.