LA morale n'a pas visiblement de fondement chez certains acteurs politiques. L'on peut comprendre que l'enjeu politique et les différentes prises de position fassent l'objet d'appréciations contradictoires, mais la plupart croient à un environnement fait par « essence » de polémique, de division et d'excès. Les Tunisiens et les Tunisiennes n'hésitent pas aujourd'hui à dénoncer, ou encore à condamner, ce qu'ils considèrent comme un détournement ou une perversion de la vie politique. En d'autres termes, si les acteurs impliqués n'ont pas conscience de la gravité de leurs actes et de leurs discours, ou refusent de l'admettre, le paysage politique apparaît aux yeux des Tunisiens comme un lieu implicite ou illégitime autour duquel les calomniateurs sont toujours là. Ils se reconnaissent de toute évidence d'eux-mêmes. Ceux qui n'imaginent pas la Tunisie réussir. Ceux qui confondent leur désaccord avec le président de la République avec le redressement et la réhabilitation du pays. Et dire que parmi eux, il y en a qui avaient occupé les plus hauts postes de responsabilité. Accidentellement ? Evidemment, et on ne peut que le regretter. L'ancien président de la République, Moncef Marzouki, qui n'a jamais été élu pour l'investiture suprême, prédit « un mauvais sort » pour l'actuel président Kaïs Saïed. « Le scénario le plus probable lorsque le roi est devenu nu est le suivant : lors de son procès et peu de temps avant d'être emmené en prison, ses avocats vont tenter de prouver son irresponsabilité sur la base de certificats médicaux prouvant sa maladie mentale. Les juges peuvent être convaincus et l'envoyer à l'hôpital Razi, ou ils peuvent ne pas être convaincus, alors il terminera le reste de sa vie en prison ». Les manquements ne peuvent en aucun cas constituer une excuse aux dérapages successifs des ces hommes qui n'ont plus désormais de crédibilité auprès des Tunisiens, qui désapprouvent et qui compromettent de plus en plus les valeurs et les principes qui ont inspiré la Révolution tunisienne. Ce qui a engendré une spécificité et une déformation sans précédent dans tout le paysage politique. Cela est aussi visible dans les discours, mais aussi et surtout dans la manière avec laquelle l'action politique est appréhendée. Au fil du temps, tout ce qui s'y conçoit est devenu une crainte avérée. Contrairement à ce qui était espéré, et surtout revendiqué un certain 14 janvier, certains acteurs politiques, à l'instar de Marzouki, n'ont plus ni le profil, ni la vocation, ni la crédibilité pou répondre aux aspirations du peuple. Ils perdent de plus en plus ce qu'il leur reste de capital confiance qu'ils ont auprès des Tunisiens. Et continuent de le faire sans aucune conscience...