LA politique fiscale et les régimes fiscaux appliqués en Tunisie sont inéquitables. Le simple contribuable, essentiellement le fonctionnaire public et celui du privé, est celui qui se voit infligé une fiscalité conséquente par rapport à son revenu , et en plus retenue d'avance. En un mot, notre pays n'offre aucune équité fiscale entre ceux qui gagnent beaucoup et en général qui usent de leur rente pour payer peu ou rien (énorme évasion fiscale) et ceux qui gagnent moins et qui payent plus par rapport à leurs revenus. Il y a également un décalage entre des activités économiques qui voient des impôts et taxes en tous genres sur un marché et une conjoncture en difficulté, et d'autres activités libérales et commerciales où, en vertu d'un régime forfaitaire plus que « fâcheux » et « immoral », versent des miettes à l'Etat. Ne parlons pas de ceux qui appartiennent aux secteurs clandestins et qui échappent au système fiscal, entre contrebandiers et fraudeurs. Le tout dans une injustice criarde et une impunité destructrice. Résultat : un sentiment de frustration de la part des vrais contribuables, entre particuliers et entreprises conformes à la loi. Face à eux, des personnes physiques, des entreprises, des professions libérales rentables qui ne payent pas ou payent trop peu, et l'Etat qui voit ses ressources fiscales diminuer ou constituer une faible part. Il ne s'agit pas, pour améliorer les revenus fiscaux, de se rabattre davantage sur les fonctionnaires et les petites entreprises, mais d'élargir la base des contribuables et de revoir cette lourde artillerie de textes fiscaux qui ont prouvé durant des années leur inefficacité. L'équité fiscale est que tout le monde s'acquitte de son devoir fiscal selon une grille étudiée qui essaye de toucher tout le monde selon sa contribution à la création d'emplois (autant on crée d'emplois autant on bénéficie d'un allègement), et selon ses revenus et son « historique » fiscal. Malheureusement, on n'a pas réussi à élaborer des textes souples et justes pour permettre à l'Etat d'optimiser ses ressources fiscales, de les varier et d'élargir la base des sujets concernés. On lutte contre une évasion fiscale large et émanant de plusieurs secteurs et sensibilités dans la société qui échappent au mode de la retenue à la source, en même temps, une panoplie de mesures et de produits fiscaux qui ont alourdi les budgets des ménages et des petits entrepreneurs et commerçants couverts par le champs fiscal. Que l'Etat s'active dans une autre politique : payer moins, question de décharger la demande, et toucher plus dans le champ fiscal tout en incluant les sujets du marché parallèle (en grand nombre). Enfin, appliquer fermement la loi aux fraudeurs, aux non-payeurs et à un degré moindre aux retardataires. C'est cela la justice fiscale.