Il incombe aujourd'hui aux dirigeants du club d'assumer pleinement leurs erreurs. Avec une popularité estimée à des millions de supporters, on ne peut continuer à tituber d'une crise à une autre. Les années se succèdent et se ressemblent pour le club de Bab Jedid. Après l'ambition et l'espoir, c'est le désenchantement qui s'empare des supporters. Après le fiasco des épreuves du championnat, les spécialistes de Dame coupe, avec treize titres glanés, ont confirmé ce que les fans redoutaient le plus, un énième échec à Radès qui ne fera que confirmer l'éprouvante descente aux abîmes d'un grand club de la capitale, incapable de se redresser au moment opportun et de redorer son blason. Que d'échecs cumulés et de rêves brisés. Le discours dissonant des dirigeants Les mêmes causes produisent indubitablement les mêmes effets et les déclarations de bonnes intentions ainsi que les promesses des dirigeants du club n'ont fait que botter en touche sur des problèmes à multiples facettes, dont le manque flagrant de joueurs de qualité formés au club, à l'instar de ceux des années soixante-dix qui ont hissé très haut le blason du club, avec une défense qui comptait parmi les plus hermétiques et une attaque des plus redoutables. Le quadruplé gagné au début des années 90 est à marquer d'une pierre blanche pour les «Rouge et Blanc». Un record à ce jour inégalé. Un scénario cauchemardesque vécu par plus de trente mille supporters clubistes présents à Radès après la chute devant le Club Sportif Sfaxien qui semble en passe de devenir la bête noire du club de Bab Jedid. Mais avec pour seule arme des déclarations qui tentent de rassurer et de gonfler le rendement de certains joueurs et surtout de légitimer le choix du staff technique avec à sa tête le coach Bertrand Marchand, les dirigeants ne se rendaient pas compte qu'ils ne faisaient que du sur-place. Certes, le club n'avait plus les moyens de procéder au recrutement de joueurs talentueux en raison des difficultés financières, mais les sorties médiatiques de certains responsables du club prétextant la résolution de la majorité de ces problèmes s'apparentent aujourd'hui à une fausse note aux lourdes conséquences, d'autant plus que certains dossiers en rapport avec des litiges financiers ne sont pas toujours clos. Les dirigeants actuels du club tiennent un discours dissonant en totale rupture avec la réalité. Le scénario cauchemardesque du match de la demi-finale de la coupe avec ce but marqué à la fin du temps additionnel a non seulement brisé les rêves des millions de supporters, mais a aussi confirmé que rien (ou presque) n'a changé au Club ou presque. Grogne des supporters En dépit de ses efforts louables visant à régler les problèmes financiers, l'actuelle équipe dirigeante s'est, semble-t-il, cantonnée dans un rôle purement administratif et son dilettantisme n'est plus à démontrer sur d'autres plans dont notamment sportif. Désormais, elle avancera sur le fil du rasoir en raison d'un départ raté avec la perte de la demi-finale. L'absence de réaction de la part de l'actuelle équipe dirigeante—en dépit de la réunion de crise tenue par le président du club et le coach français—a jeté une lumière crue sur ses limites et a dévoilé l'embarras du staff technique au point que les supporters, comme en témoignent leurs réactions sur les réseaux sociaux et sur la page officielle du Club Africain, n'espèrent plus rien d'une nouvelle saison qui ne fera que confirmer un énième échec. Un air de déjà vécu avec une navigation à vue pour l'équipe dirigeante. Ce ne sont pas les sanctions récentes prises à l'encontre des joueurs suite à la débâcle de la demi-finale qui renverseront le sablier. Après une saison catastrophique terminée en queue de poisson après une cuisante défaite devant l'EST (en infériorité numérique), l'énorme raté de la coupe de Tunisie en demi-finale causé par des choix tactiques et techniques discutables, le CA est toujours incapable de sortir de la zone de turbulence. L'entame de la prochaine saison sera encore plus difficile à gérer et si avant le mercato hivernal, l'interdiction de recrutement infligée par la Fifa n'est pas levée, le Club risquera de sombrer dans une profonde crise d'autant plus que la grogne est à son apogée du côté des supporters. Il est vrai que la colère ne règle rien mais s'ils pouvaient crier tout ce qu'ils ont sur le cœur, ils hurleraient le nom du club. Les rumeurs qui circulent ces derniers jours autour d'une éventuelle démission du président du Club et celle de son équipe ne sont pas prises très au sérieux par les supporters. Ce n'est qu'une piètre tentative de calmer les esprits, mais il incombe aujourd'hui aux dirigeants du club d'assumer pleinement leurs erreurs.
