Censée jouer un rôle de régulateur discret et efficace dans ce paysage médiatique tunisien disparate et hétérogène, la Haica s'est transformée, petit à petit, en un organe protocolaire, voire dépassé par les événements. Aucune autorité de conseil et de correction face à la médiocrité qui règne sur les plateaux; la Haica est de plus en plus contestée par les gens du métier qui lui reprochent surtout son immobilisme et sa tendance à infliger des sanctions sur des erreurs négligeables et à fermer les yeux sur les tares commises dans les télévisons et les radios. Ce qui amène à poser la question suivante : la Haica peut-elle encore, dans sa conception actuelle et sa composition fort discutable, jouer un vrai rôle de régulateur averti et efficace ? Le fait de ne pas le mentionner dans la nouvelle constitution est un signe révélateur de l'avenir de cette instance normalement constitutionnelle. Le compte à rebours a déjà commencé pour les membres de cette instance dont l'image est ternie par les mauvaises interventions sur divers sujets. L'évolution de plusieurs télévisons et radios qui investissent de grandes sommes mais qui se heurtent à la rigidité de la Haica est-elle aussi menacée? Si l'on veut libérer le paysage audiovisuel tunisien et inciter les investisseurs à placer leur argent dans ce domaine coûteux et hyper-concurrentiel, il faut que l'instance de régulation soit souple dans ses textes et fasse en sorte que les sanctions et les mesures ne soient pas un outil de destruction et d'appauvrissement des chaînes qui embauchent des jeunes et des professionnels. Certainement que ces chaînes doivent suivre un cahier des charges qui définit leurs obligations médiatiques et économiques, mais il ne faut jamais abuser de cet outil pour fermer des chaînes pour n'importe quelle raison. La mise à l'écart de la Haica par l'Isie concernant les élections législatives nous donne une idée sur son rôle de moins en moins considérable. En plus, il est temps de renouveler la composition de cette Haica dont les membres usent de privilèges de taille depuis des années, alors que leur mandat a expiré. Face à la dégradation flagrante du contenu, surtout dans les talk-shows, à l'insoutenable légèreté et aux procès d'intention orchestrés sur des plateaux à forte écoute et audience, ces membres de la Haica qui, en partie, agissent dans la règle des deux poids deux mesures, ferment les yeux. Ils ont déjà dépassé leur mandat, ils ont été marginalisés par les autres instances, les professionnels du métier les contestent de plus en plus, l'avenir de leur instance est sérieusement sceptique. C'est presque le début de la fin.