Par Jawhar CHATTY La classe politique ne s'embarrasse guère du «politiquement correct» pour tirer à boulets rouges sur Habib Essid. Le poussant vers la sortie, invoquant l'obligation morale dont il est tenu d'«interagir positivement» avec l'initiative présidentielle relative à la formation d'un gouvernement d'union nationale. L'impudence serait-elle ainsi à ce point devenue banale ? L'ingratitude, surtout, serait-elle à ce point devenue ostentatoire ? Ecrivions-nous, il y a deux jours, pensant alors que la classe politique nationale ne pouvait sans doute descendre plus bas. C'était sans compter sur l'ingéniosité sans limite de certains professionnels de la politique qui, à la recherche d'un nouveau positionnement, ne reculent devant rien. Tous les moyens sont bons, la vindicte et les commérages facebookiens. Lors de son passage mercredi sur la chaine Attassiaa, le chef du gouvernement a déclaré que certains, dont il a préféré taire le nom, lui ont demandé de démissionner. Interrogé sur ses rapports avec la présidence de la République, il a apporté un cinglant démenti à ceux qui colportent des rumeurs faisant état de tensions entre Carthage et La Kasbah. Habib Essid a d'ailleurs ajouté que la présidence de la République ne lui a jamais demandé de démissionner. Le contraire aurait étonné puisque telle qu'elle a été formulée dès son lancement par le président Béji Caïd Essebsi, l'initiative relative à la formation d'un gouvernement d'union nationale n'a jamais évoqué un changement de chef de gouvernement. Cette initiative a, bien au contraire, laissé la porte ouverte aux propositions des partis politiques et des organisations nationales. De plus, dans l'Accord de Carthage, il n'est nulle part fait mention ou même allusion à la nécessité d'un changement de chef de gouvernement. La présidence de la République semble à cet égard avoir dynamiquement conduit le processus tout en veillant, s'agissant de la configuration du prochain gouvernement, à laisser le dernier mot aux partis politiques et organisations nationales signataires de l'Accord de Carthage. Que des voix virtuelles s'élèvent aujourd'hui pour dire qu'un conseiller du président de la République a exercé des pressions et demandé à Habib Essid de démissionner est, en l'absence de preuves, pour le moins grave. Disons tout au moins que les insinuations-accusations facebookiennes ne contribuent guère à faire prendre de la hauteur. Ce serait tout au plus, voler bas et bruyamment sur la Toile dans une anarchie qui cultive les paradoxes et qui aime elle-même se donner en spectacle.