Contrairement à ce que nous nous attendions, Zouheïr était sans son gombri, mais bien avec son accordéon. Nulle surprise, si nous savons que l'artiste est avant tout accordéoniste et a joué pendant plus de vingt ans de cet instrument avant de se lancer dans ses nombreuses recherches et expériences dans le stambali. Le rideau est tombé, samedi dernier, sur la douzième édition de Mûsîqât qui s'est tenue du 6 au 21 octobre courant. Une édition qui, disons-le, n'a pas vraiment rivalisé avec ses précédentes au niveau de la programmation, à quelques exceptions près. Heureusement que la clôture a été en beauté avec le spectacle Yenna de Zouheïr Gouja qui a joué, avec son band, à guichets fermés. Contrairement à ce que nous nous attendions, Zouheïr était sans son gombri, mais bien avec son accordéon. Nulle surprise, si nous savons que l'artiste est avant tout accordéoniste et a joué pendant plus de vingt ans de cet instrument avant de se lancer dans ses nombreuses recherches et expériences dans le stambali. Relecture insolite... Pour la première partie du spectacle, c'est à une ballade latino instrumentale que le public a été convié. Du bolero cubain avec Dos gardenias, du tango avec Vuelvo al sur et enfin, du danzon cubain avec Y tu que has hecho. Nmout alik, une belle chanson romance d'Amine Saïd, écrite par Yassine Hamzaoui et composée par Amine Kolsi en 2016, a assuré la transition pour la partie afro-orientale de la soirée. Pour la seconde partie de Yenna, les artistes ont interprété des titres phares de différents registres et répertoires musicaux marocain, algérien, égyptien et tunisien. Du stambali au rboukh avec ses noubas et son fazzeni, en passant par le baladi charki, le chaâbi algérois et la musique de variété tunisienne. Nana Icha, Enta omri, El hmem elli waleftou, Addala ya addala et bien d'autres. Notre coup de cœur était pour les nouvelles versions de Jad âlik et Bjeh allah ya hob essmaâni. Une relecture bien travaillée et surtout, très réussie, qui pourrait même faire de l'ombre aux versions originales ! Mariage heureux... Du latino joué à la darbouka et au bendir, du stambali joué au violon...Cela peut paraître incongru, mais le mariage est des plus heureux. Il fallait oser, et Zouheïr Gouja l'a fait. Ce métissage entre instruments et registres musicaux traditionnellement «incompatibles» ne choque finalement pas. Les différentes sonorités se fusionnent à merveille pour donner des compositions des plus harmonieuses. Zouheïr Gouja n'a pas osé que dans les arrangements des mélodies. Il l'a aussi fait dans la construction même de ce spectacle qui s'inscrit dans l'expérimental. La première partie a, en effet, été jouée à l'accordéon, au piano, au violon, à la darbouka, au bendir, et au oud, alors que pendant la seconde partie, c'est une bande son enregistrée au studio (bande background) qui a remplacé les musiciens, convertis en chanteurs, avec un jeu d'accordéon en live. Cette technique pas très usuelle permet une extrapolation et offre la possibilité d'avoir plusieurs sonorités à la fois (outar, gougay, gombri, percussions, chqacheq...), ce qui n'est pas possible avec un nombre limité de musiciens. Là, encore une fois, cette technique «subterfuge» passe d'une manière insoupçonnable sauf pour les spécialistes. Un et pluriel... En réalité, Yenna a été créé en 2006, pour rendre hommage et commémorer les maîtres de la musique dans le monde, à travers une suite de chansonnettes. Sauf que, depuis, tous les spectacles sont différents. Chaque fois, une nouvelle version est présentée tout en préservant le concept et l'aspect «authentique», en termes de respect des règles de chaque registre musical. Pour terminer, avec Yenna, nous pouvons nous permettre de reprocher à Zouheïr Gouja de ne pas s'investir assez dans la communication pour promouvoir ce spectacle d'une grande facture. La création seule ne suffit plus aujourd'hui... Quant à Mûsîqât, espérons que la nouvelle direction veillera, dans les prochaines éditions, à préserver la qualité de ce festival qui s'est construit une notoriété et a réussi à fidéliser un public. Une notoriété qui s'est construite au fil des années grâce à de nombreux efforts... A bon entendeur !