Le climat des affaires en Tunisie n'est pas globalement très favorable. Il est plus contraignant pour les jeunes entreprises dont l'âge est moins de 5 ans. C'est, en substance, la conclusion générale tirée à partir des résultats du baromètre du climat des affaires, réalisé par l'Agence de promotion de l'industrie et dea l'innovation (Apii) en collaboration avec le Centre des jeunes dirigeants d'entreprise de Tunisie (Cjd). La loi d'investissement adoptée en 2017 contribuera, certes dans la durée, à redynamiser les moteurs économiques. Mais, jusqu'à présent, les jeunes entrepreneurs ne sont pas suffisamment informés sur les incitations intégrées dans la loi. Cela dit, il y a un manque patent au niveau de la communication, quant aux apports de la nouvelle loi d'investissement, que le président du patronat a comparé à la loi 72, qui a révolutionné l'investissement étranger, en Tunisie. Lourdeur administrative Les résultats du baromètre ont été élaborés, à partir d'une enquête réalisée auprès de plus de 367 Pme, opérant dans les divers secteurs industriels. L'étude s'articule autour de 3 principaux axes, à savoir l'évaluation de l'écosystème entrepreneurial, les difficultés au financement et la fiscalité. Les principaux résultats du baromètre reflètent des entraves surtout sur le plan administratif et sur le plan financement. Ces difficultés sont beaucoup plus ressenties auprès des jeunes entreprises. En effet, plus de 44% des entreprises objet de l'enquête ont exprimé leur insatisfaction du rôle de l'Etat et des institutions publiques, dont 24% pointent du doigt la lourdeur administrative et 20% déplorent un manque de soutien de l'Etat. L'étude a également mis en exergue l'impératif de moderniser et de développer les structures d'appui, étant donné que plus de 67% des entreprises de moins de 5 ans jugent que les services des structures d'appui sont peu ou pas satisfaisants. Main-d'œuvre et proximité logistique Les résultats du baromètre ont apporté également des informations importantes, concernant les incitations qui attirent et drainent l'investissement. Contrairement à ce qui est perçu comme évidence, les incitations et les avantages fiscaux ne sont pas déterminants pour les investisseurs. En effet, 14% seulement des entrepreneurs ont affirmé que les avantages liés aux zones de développement régional sont déterminants. Alors que plus de 43% des enquêtés ont répondu que la qualification de la main-d'œuvre et la proximité des zones logistiques sont des facteurs décisifs lors du montage de leurs entreprises. Un autre facteur qui freine le lancement de l'investissement est celui de la contrainte foncière. La hausse des prix fonciers et les problèmes réglementaires représentent 72% de l'ensemble des problèmes les plus retardants. Absence d'accompagnement bancaire Outre l'absence de l'accompagnement bancaire, notamment pour les jeunes entreprises de moins de 5 ans, qui constitue une entrave à l'expansion de l'investissement, voire un risque qui menace l'entreprise encore jeune. Les entreprises, objet de l'enquête, évoquent une pression fiscale lourde. Ce qui dénote un paradoxe législatif qui, d'un côté, encourage l'investissement via des incitations, essentiellement fiscales, et, d'un autre côté, impose des fiscalités importantes, notamment pour les jeunes entreprises. Tout en sachant que 54% des entreprises enquêtées ont affirmé une pression fiscale relativement lourde, plus de 14% ont souligné une inégalité fiscale entre les secteurs d'activité, une révision de la fiscalité pour les jeunes entreprises est donc de mise. Confusion législative La loi d'investissement, entrée récemment en vigueur, est parmi les principales réalisations celle qui a été saluée, au niveau de l'amélioration du climat des affaires en Tunisie. Toutefois, les informations liées à son contenu ne sont pas suffisamment divulguées. Ce qui a impliqué une perception confuse et la méconnaissance de ses principaux apports. Environ 57% des chefs d'entreprises interrogés affirment qu'ils ne connaissent pas le contenu de la nouvelle loi, alors que plus de 88% d'eux ont répondu que cette nouvelle loi n'améliorera pas le climat des affaires ou l'écosystème entrepreneurial en Tunisie, tout en sachant que 60% d'eux ne connaissent pas le contenu de la nouvelle loi. En commentant les résultats obtenus par le baromètre du climat des affaires, le président du Patronat, Samir Majoul, a souligné l'impératif de moderniser l'administration et de lui conférer plus de souplesse. Il a appelé à ancrer davantage la culture de l'entrepreneuriat et à la généraliser à toutes les filières d'études et d'enseignement. Il a également mis en exergue une fiscalité qui pèse lourd, surtout sur les jeunes entreprises, outre un coût de financement extrêmement élevé, principalement causé par les déficits budgétaires de l'Etat.