Elle a créé ce prix au Maroc, l'a implanté en Tunisie où on le remettra pour la première fois le 15 de ce mois, et se propose de le faire essaimer au Sénégal l'an prochain. Portant à bout de bras ce trophée, Solange Stricker a probablement fait sienne la très belle devise de Mao : «Les femmes portent le ciel et ont donc droit à la moitié de l'univers». En fait c'est même un peu plus qu'elle souhaite leur offrir par cette belle reconnaissance des femmes dans le monde entrepreneurial connu pour être traditionnellement masculin. Faire connaître les femmes du Maghreb Solange Stricker évolue depuis longtemps dans le monde de l'entreprise. C'est elle qui avait créé, à Paris, le trophée de Manager de l'année, récompensant un président élu par ses pairs. Bouygues, Trigano, le président de Saint-Gobain furent alors consacrés. C'était l'époque d'une économie élitiste. Aujourd'hui les temps ont changé, et on ne connaît probablement plus les noms des dirigeants des grandes entreprises. Par contre on s'intéresse de plus en plus aux femmes. Après avoir créé en France un club qui leur est consacré, le club «Ailleurs», Solange Stricker voulut mieux connaître et faire connaître les femmes du Maghreb, et plus particulièrement du Maroc où elle passait une partie de l'année. Ainsi naquit, il y a deux ans de cela, le trophée de la Femme Manager Marocaine. Très vite, la Tunisie allait suivre. Et c'est en partenariat avec la Conect, dont on connaît l'intérêt pour l'entrepreneuriat féminin, qu'allait naître le Trophée de la Femme Manager Tunisienne, consécration qui vise à mieux faire connaître l'entrepreneuriat tunisien au féminin. Il sera décerné jeudi 15 novembre, au cours du forum Futuralia. Davantage qu'un trophée, il y en aura en fait trois consacrant des leaders du secteur public, du secteur privé, et d'ONG. Un des critères exigés : un parcours exceptionnel L'appel à candidature était lancé lors de la fête de la femme. Les conditions étaient draconiennes : pour être cette femme inspirante que l'on souhaite honorer, il fallait justifier de 20 ans de carrière dont 10 au poste de leader, et offrir un parcours exceptionnel et une approche sociétale. Le jury, présidé par ENGIE, composé d'hommes et de femmes du monde de la finance, de l'université, de l'entreprise, s'avoua étonné par l'afflux et la qualité des candidatures de cette première édition. Car il fallait le comprendre, la compétition à l'état pur, la volonté de s'imposer en tant que femme n'étaient pas les valeurs privilégiées par le jury. Ce qui l'était, c'était davantage la responsabilité sociale, une éthique du partage de pouvoirs, la volonté de faire évoluer les choses, le respect des règles d'équité, celles de l'environnement. Aujourd'hui, chez les femmes, les règles ont changé, et l'arrivisme n'est plus de mise.