Cette catastrophe lancinante avance à pas feutrés et résolus sous nos cieux, sans vraiment rencontrer ni la prise de conscience collective qui sied, ni surtout la contre-offensive qui s'impose A l'occasion de la Journée mondiale du diabète (14 novembre), il est bien utile de procéder à un round-up à propos de ce qui est consenti et de ce qui l'est moins dans le combat quotidien qu'un million de Tunisiens livrent à cette maladie pernicieuse parce que par trop silencieuse. Et les manifestations festives, pas plus que les actions de dépistage ou les campings de jeunes diabétiques ne sauraient faire connaître à sa juste mesure l'ampleur de cette catastrophe lancinante qui avance à pas feutrés et résolus sous nos cieux, sans vraiment rencontrer ni la prise de conscience collective qui sied, ni surtout la contre-offensive qui s'impose. Il ne s'agit nullement, ici, de jeter la pierre aux pouvoirs publics, ni de critiquer outre mesure notre système de santé, mais de constater, une fois encore, combien fait défaut la réaction collective que l'on attendait de tout un peuple dont plus de 10% seraient déjà concernés. Si l'on ne comptabilise que les cas avérés. Car la spécificité du diabète sucré, c'est qu'il est la porte d'entrée de plusieurs maladies graves dont l'issue est souvent fatale mais qui surviennent brusquement sans s'annoncer. Ce qui place cette maladie «causale» au deuxième rang des causes de mortalité après le cancer. La maladie présente, en Tunisie et plus généralement au Maghreb arabe, certaines particularités liées, semble-t-il, aux habitudes alimentaires : un apport calorique quotidien avoisinant les 3500 calories par 24 heures, alors que dans les pays occidentaux l'alimentation n'apporterait qu'environ 1500 calories quotidiennes. De plus, notre ration alimentaire comporterait 75% de sucres entre sucres lents (pâtes, féculents...) et sucres rapides (sucre blanc, miel, fructose...), alors qu'en Europe c'est 25%. Cette différence importante serait la cause d'une apparition du diabète de l'adulte (anciennement appelé diabète gras) dès l'âge de 35 ou 40 ans, alors qu'en Occident c'est dix ans plus tard. De sorte que les maladies qui sont la conséquence du diabète, comme celles du cœur et des vaisseaux sanguins ou encore du rein vont pouvoir évoluer et s'aggraver sur une période plus longue. Ce qui augmente leur incidence mortelle dans nos pays. Cela ne vous étonnera pas de savoir qu'une réelle prise de conscience collective, culturelle pourrait ouvrir la voie à une prise en charge nationale précoce, bien avant l'apparition du diabète, à travers une hygiène de vie adaptée (alimentation moins riche en sucres et en matières grasses), à des contrôles réguliers de la glycémie au doigt (grâce à un glucomètre prêt à l'emploi à domicile muni de ses bandelettes), à des exercices physiques réguliers... Sans compter qu'il est nécessaire, une fois que le diabète s'est déclaré, de traquer les moindres signes des multiples maladies que provoque le diabète et dont l'apparition est plus fréquente et plus grave lorsque le diabète est mal traité. D'où l'importance d'un traitement rigoureux, opiniâtre, suivi par un diabétologue. Et aussi d'un contrôle quotidien du taux de sucre dans le sang, surtout si le traitement est à base d'insuline. Car la chute excessive du taux sanguin de sucre peut être très dangereuse. Plusieurs associations de malades ou encadrant les malades s'activent à faciliter la vie aux diabétiques. Certaines sont soutenues par le ministère de la Santé, d'autres par les Affaires sociales, d'autres encore par les grandes sociétés internationales qui fournissent l'insuline. Pourtant les chiffres vont de l'avant et la réelle prise de conscience fait défaut. Reste à se demander si les dizaines d'événements organisés, en ce mois de novembre, à l'occasion de la Journée mondiale, auront l'impact attendu.