La pièce «Dans la solitude des champs de coton» du dramaturge français Bernard-Marie Koltès et de la Compagnie Nimite théâtre de Guinée, en lice pour le grand prix des Journées théâtrales de Carthage, a été présentée mardi à la salle Le Rio. Huis clos sur les rapports humains à partir d'une histoire de deal. C'est en gros le pitch de la célèbre pièce «Dans la solitude des champs de coton» du dramaturge français Bernard-Marie Koltès (1948-1989) adaptée maintes fois partout dans le monde. La version en lice pour le grand prix des JTC vient de la Compagnie Nimite théâtre de Guinée et a été présentée mardi dernier à la salle Le Rio devant un nombre moyen de spectateurs dont une partie a quitté la salle au bout de dix minutes de représentations. On est face à un genre de théâtre pauvre, démuni, sans décor s'appuyant notamment sur le jeu des comédiens. Or, les comédiens, sans doute sans grande forme, n'ont pas excellé dans l'interprétation de cette pièce composée d'une seule scène dans laquelle s'affrontent deux personnages : le dealer et le client. Dans un endroit et une heure indéterminés de la nuit, les deux protagonistes discutent par le biais de longues et interminables tirades. Pas d'action, pas de travail sur le corps, juste un peu vers la fin de la pièce où le rythme s'accélère un peu. Figés, les deux acteurs Amadou Camara et Fodé Sylla donnent l'impression de réciter sans âme un texte. Il est vrai que la vision de Koltès sur les rapports humains est pessimiste et dont l'aboutissement est le conflit. C'est dans le prologue repris à maintes reprises. Même si les deux hommes essaient d'éviter le conflit, par le biais de la diplomatie, ils n'y parviennent pas. Ce n'est pas par manque de volonté, mais parce que la nature humaine est par essence et naissance conflictuelle. Le dealer aborde le client en lui proposant d'acheter ce qu'il veut. Sauf que le client ne veut rien. Eclate alors une dispute sur ce malentendu. S'ensuit une digression sur la question du désir et la satisfaction de ce dernier, sur le commerce et l'injustice de celui qui a et vend contre celui qui n'a pas et achète. Le client reste maître du jeu puisqu'il détient le pouvoir d'acheter ou pas. Par ailleurs, la souffrance est abordée comme passage obligé dans les rapports humains. Une série d'oppositions apparaissent au fur et à mesure du déroulement de l'action : le vendeur contre le client, le fort contre le faible, le légal contre l'illégal, le jour contre la nuit, l'homme contre l'animal, le noir contre le blanc. La mise en scène d'Antoine Baillœul n'arrive pas à exacerber les différences entre les deux personnages. Le style choisi se prête davantage à la redondance qui finit par tuer le texte pourtant très beau. Les dialogues sont parfois incompréhensibles à cause de la prononciation des acteurs. Au lieu de donner corps aux mots, le rythme lourd les tuait. Cette histoire d'une occasion manquée qui s'achève par une chute brutale du désir dans la violence d'un corps à corps sans amour lorsque les arguments viennent à manquer manque de peps, pourtant le texte écrit dans une très belle langue française classique avec des mots puissants et révélateurs.