Vols, violence et même des cas de harcèlement sexuel, le marché hebdomadaire du Kram, connu plutôt sous l'appellation de «Souk Lahad du Kram», n'échappe pas aux formes d'insécurité qui règnent sur cette banlieue nord de la capitale. Les plaintes des citoyens ne se comptent plus, alors que les autorités peinent à éradiquer ce fléau. Reportage... Au matin d'un dimanche, le paysage est plus qu'ordinaire dans ce souk hebdomadaire, des vendeurs qui vantent la qualité de leurs produits de toutes les couleurs et des citoyens venus en masse pour profiter des prix assez attractifs comparés à ceux des grandes surfaces. Mais au bout de quelques moments passés ici vous vous apercevrez d'une certaine menace et sensation d'insécurité à cause de la présence de petits groupes d'enfants et d'adolescents qui profitent de l'absence d'agents de sécurité, mais aussi de la distraction de certains clients, pour commettre des actes de banditisme, notamment des vols. Sachant que l'union fait la force, opérant en petits groupes, ces enfants et adolescents, très organisés, s'activent notamment dans la zone réservée aux vêtements de fripe, largement fréquentée par les citoyens, vu la qualité, le choix et les prix qui font craquer. Ils ne manquent pas d'ingéniosité, malheureusement, ils l'ont exploitée dans des actes de mauvaise foi. En effet, selon le recoupement de plusieurs témoignages de clients fidèles de ce marché, ces enfants provoquent des bagarres et des bousculades pour voler des objets précieux, argent, smartphones, porte-monnaie... bref, tout ce qui tombe entre leurs mains. «Ils se sont habitués à ce marché, ce sont des délinquants qui viennent des quartiers proches, profitant de l'insécurité qui règne sur ce souk, ils ont tellement nui aux clients. Nous vendeurs, on les connaît tous, mais on n'y peut rien, ils sont nombreux et très dangereux», nous explique un trentenaire, vendeur de vêtement de fripe. Ces voleurs à la tire sont si agiles, astucieux et tellement discrets qu'on ne s'aperçoit du vol qu'après leur disparition. Ils nuisent, en effet, à des clients qui viennent s'approvisionner dans ce marché mais qui rentrent parfois sans leurs smartphones. Un peu plus loin, et plus précisément dans la partie consacrée à la vente des fruits et légumes, un groupe de femmes, qui viennent chaque semaine faire leurs courses hebdomadaires dans ce marché, nous fait part de son ras-le-bol face à cette situation d'insécurité. «Trop, c'est trop, j'ai été victime de vol trois fois dans ce marché. Même si tu fais attention tout le temps, la seconde où tu perds l'attention, on volera ton téléphone ou ton argent. Nous réclamons des patrouilles sécuritaires et des agents en civil pour éradiquer ce fléau», observe, pour sa part, une mère de famille. Harcèlement sexuel Et parce que les cas de vol innombrables ne suffisent pas, dans ce souk, les femmes, notamment des jeunes filles, sont visées parfois par des actes de harcèlement sexuel. Des «blagues» et expressions obscènes, des remarques dégradantes sur l'apparence physique et même des attouchements qui finissent parfois par une grande bagarre, comme en témoignent plusieurs clients qui nous ont raconté leurs mauvaises expériences dans ce lieu public. Ce paysage de violence est également marqué par des bagarres souvent incontrôlables qui se déclenchent brusquement et n'importe où entre les marchands, terrifiant ainsi les clients. D'ailleurs, des armes blanches auraient déjà été utilisées, nous affirme un marchand de fruits présent sur place. Les autorités, en dépit des plaintes déposées par plusieurs personnes peinent à faire face à ces formes de violence, et nous l'avons remarqué durant plusieurs visites dans ce marché, aucune patrouille, ni agent sécuritaire n'est présent sur place pour assurer un strict minimum de sécurité.