Certains syndicalistes ont déjà annoncé des formes de protestation «douloureuses», au moment même où les sages des deux côtés appellent à placer un garot pour mettre fin à l'hémorragie. Car, comme disaient les étudiants islamistes dans les années 70, « la grève est une hémorragie ». Il s'agit, en effet, d'un bras de fer où l'intérêt général laisse des plumes. Et la Tunisie y a laissé, jeudi, au moins 400 millions de dinars. Il se trouve, malheureusement, que la commission administrative de l'Ugtt a vite fait de décider deux jours de grève, Bannir la logique de guerre Mais il devient essentiel, à ce stade, de veiller à aborder la problématique sous un angle plus objectif, celui de l'intérêt général du pays et du peuple. La responsabilité de la crise économique et financière dont souffre le pays est commune à toutes les forces nationales et doit être assumée par tous les intervenants politiques et sociaux, et même par le tissu associatif. Commençons par les partis politiques majeurs et leurs groupes parlementaires. On est d'emblée devant une imposante majorité des députés de la nation qui, par-delà le tourisme politique auquel se sont adonnés certains, constituent une masse compacte qui a pris part activement au gouvernement du pays, que ce soit en votant solidairement les nombreuses lois adoptées ou en faisant directement partie de la ceinture officielle du gouvernement. 188 députés sont au pouvoir Les forces impliquées à ce niveau sont : Nida Tounès, Ennahdha, l'UPL, Afek Tounès, Machroû Tounès et quelques indépendants, soit un minimum de 188 députés sur les 217 de l'ARP. Cela représente 87% de l'Assemblée. N'oublions pas que nous sommes en régime parlementaire. Il est vrai pondéré, mais bel et bien parlementaire. Avec un chef de gouvernement élu par les députés et qui centralise l'essentiel du pouvoir exécutif. De ce fait, l'alignement de Nida Tounès sur les positions de l'Ugtt n'arrive â convaincre personne, étant une manière de se défaire de ses responsabilités historiques dans l'échec des gouvernements qu'il a mis en place depuis sa victoire électorale de 2014. Le fait qu'il se désolidarise à la dernière minute d'un chef de gouvernement issu de ses rangs et propulsé par son fondateur et président d'honneur ne le dédouanera pas. La crédibilité de la classe politique Ce qui est en jeu en cette période de faux positionnements censés préparer les élections, c'est la crédibilité de la classe politique, voire de l'ensemble du système politique et de la démocratie, seuls véritables acquis de la révolution. Lorsque l'on entend raconter qu'une partie des Tunisiens en arrive à regretter la dictature, il est prudent de rétablir l'éthique politique que promettait la révolution. Ce soulèvement populaire qui rejetait le pouvoir personnel et l'oligarchie familiale. Et l'Ugtt est partie prenante active de la classe politique qui est en devoir d'assumer la responsabilité des choix et des pratiques enregistrés, sinon depuis la révolution, au moins depuis la victoire de Nida Tounès et son arrivée au pouvoir. Dans ce consensus mis en place par BCE. Alors, que chacun assume ses responsabilités. Avant qu'il ne soit trop tard.