Par Bady BEN NACEUR Jean-Jacques Rousseau, le philosophe du siècle des Lumières, nous interpelle à nouveau, lorsqu'il déclare que «la volonté générale est indestructible, mais au-dessus de toute violence». En effet, ce qui s'est passé aux Champ-Elysées et s'est propagé en province et même ailleurs, comme une traînée de poudre, nous préoccupe tout autant, puisque la France est l'un de nos partenaires privilégiés, dans les divers secteurs de la vie active. La grogne destructive des «punis» de la société française a fini — en quelques semaines — par faire attraper la «jaunisse» à leurs gouvernants et, toute proportion gardée, à la société tunisienne par ricochet. La société tunisienne, dans son ensemble, et aux gens de bonne volonté qui défendent le pays, depuis l'arrivée d'une Troïka tronquée… Ce symptôme, cause de nombreuses maladies sociales, d'injustice et de précarité, pour une large majorité de la population française, perdure aussi dans nos murs, en plus du survoltage du phénomène d'une pseudo-éthique religieuse qui a fini par enliser le pays. Les actes provoqués par les gilets jaunes et qui enfreignent volontairement les lois de la libre circulation et des échanges commerciaux, sur les routes et les autoroutes (demain, peut-être, les ports et les aéroports), en sont un exemple frappant qui continue à causer des dégâts collatéraux et pas des moindres ! Ce qui confirme les propos du philosophe, quand il met en garde contre les effets de violence qui nuisent à telle ou telle situation. L'union fait la force tranquille Le dicton «L'union fait la force» du conteur suisse, Jacques De Maistre, avait été repris, en ce temps-là, comme slogan idéal par les forces ouvrières syndicales en France, dans toute l'Europe et partout ailleurs où régnaient les injustices. L'Ugtt a toujours été une force redoutable en défendant, farouchement, les intérêts du peuple tunisien. Et elle a même été une sorte de «parti de gauche» durant le règne d'une dictature implacable. Et elle réapparaît comme telle, aujourd'hui. Elle vient de déclarer une grève générale en souvenir du 14 janvier 2011, date du déclenchement de la révolution tunisienne, ou ce qu'il en reste. Cette première manche n'a pas connu de dégâts. Elle s'est passée tranquille bien qu'il y ait eu des pertes à profits dans certains secteurs de la vie active. Elle aura fait plutôt l'effet d'une force tranquille. Mais elle a annoncé qu'il y aurait une seconde manche. «Des divers systèmes de législation» C'est le titre de l'un des chapitres (XI) du contrat social que nous proposons à ce sujet. Voici ce que dit Jean-Jacques Rousseau : «Si l'on recherche en quoi précisément le plus grand bien de tous, qui doit être la fin de tout système de législation, on trouvera qu'il se réduit à deux objets principaux, la liberté et l'égalité : la liberté parce que toute dépendance particulière est autant de force ôtée au corps de l'Etat, l'égalité, parce que la liberté ne peut subsister sans elle». Et de préciser en ce sens : «J'ai déjà dit ce que c'est que la liberté civile : à l'égard de l'égalité, il ne faut pas entendre que les degrés de puissance et de richesses soient absolument les mêmes, mais que, quant à la puissance, elle soit au-dessus de toute violence, et ne s'exerce jamais qu'en vertu du rang et des lois, et quant à la richesse, que nul citoyen ne soit assez opulent pour en pouvoir/acheter un autre, et nul assez pauvre pour être contraint de se vendre : ce qui suppose, du côté des grands, modération de biens et de crédit, et, du côté des petits, modération d'avarice et de convoitise (…) et si l'abus est inévitable qu'il faille au moins le régler». La balle, maintenant, est entre les deux camps. Mais encore, faut-il préparer le terrain d'entente et un seul joueur en face, un seul pour s'assurer que durant cette seconde manche régnera une force tranquille ! Or, il y a plusieurs têtes en face, et elles donnent l'impression d'établir l'intranquillité à tout prix…