Organisé par trois parties, à savoir l'Association pour la recherche sur la transition démocratique (Artd), l'Observatoire tunisien de la transition démocratique (Ottd) et Friedrich-Ebert, l'évènement n'a pas été logé à la même enseigne. Dans un mot de bienvenue, l'ex-président de l'Isie, Chafik Sarsar, aujourd'hui président de l'Artd, a commencé par placer sa lecture évaluative sous trois mots d'ordre : explication, critique et suggestion. L'essentiel pour lui est de répondre à la question suivante : cette Constitution post-révolution est-elle un facteur bloquant ou un fer de lance politique? Quoi qu'il en soit, il y a lieu d'en discuter, ainsi répond Mme Neila Chaâbane, doyenne de la faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis. D'après elle, la Constitution adoptée à la majorité absolue n'a pas abouti à un vrai compromis. A preuve, il y a eu divergences de fond et tiraillements politiques à n'en plus finir. « Cinq ans déjà et des instances indispensables encore en attente dont en particulier la Cour constitutionnelle. D'ailleurs, on ne voit pas de signes avant-coureurs que les choses vont se débloquer», a-t-elle déclaré. Trois faits marquants A-t-on répondu à la question d'autrefois : quelle Constitution veut-on ? s'interroge sa collègue Asma Nouira, maître de conférences à la même faculté. Car, la cacophonie parlementaire et politique d'aujourd'hui a eu à mettre les choses au clair. Même constat établi par le représentant de Friedrich-Ebert-Tunisie : « Il y a des éléments qui ne sont pas encore en place ». Un des 217 constituants faiseurs de la Constitution de 2014, Mustapha Ben Jaâfar, ancien président de l'ANC, s'est étalé sur l'ampleur de l'évènement et son impact sur la transition démocratique dans le pays. L'expérience lui semble d'envergure, d'autant qu'elle a solennellement marqué l'histoire de la Tunisie et continue de le faire. Un tel parcours s'est distingué par trois étapes phares. La première l'élection, en 2011, d'une Assemblée nationale constituante (ANC), en réponse à l'appel décisif d'une large frange de la société civile, voulant ainsi tourner la page du passé. Personne ne peut nier, à l'époque, les crises en cascade qui ont secoué le processus de la transition, sur fond d'assassinats politiques et de tensions sociales prolongées. Deuxième caractéristique, la Constitution était clairement participative, pensée et rédigée de façon collégiale. Troisième aspect distinctif, la Constitution revêt une dimension progressiste. Et là, Dr Ben Jaâfar demande si on est, aujourd'hui, face à une crise politique ou constitutionnelle. Si on est dans la deuxième hypothèse, quel impact a la Constitution sur la dépréciation du dinar, l'inflation ou la crise au niveau de l'exécutif ? Et cette Constitution, avons-nous besoin de la réviser ? Faut-il l'appliquer avant tout ? En fait, conclut-il, la conception de la 2e République porte l'empreinte de tout un peuple.