Près de 380 millions de dinars, en guise de dons des bailleurs de fonds, sont mis à la disposition des nouvelles communes Installés à peine depuis six mois, les nouveaux conseils municipaux élus en mai dernier semblent battre de l'aile. La mission n'est pas aussi facile qu'ils le croient. Sans siège ni matériel et équipements, et encore moins de ressources humaines à disposition, les 86 communes nouvellement créées n'ont pas trouvé leur compte. Pas plus tard qu'avant-hier, leurs présidents ont été conviés à un atelier de travail consacré au plan du développement local et à la manière de l'exécuter de leur propre chef. Comment le faire et quel mode de gestion adopter ? Par où commencer ? M. Mokhtar Hammami, ministre des Affaires locales et de l'Environnement, expert en la matière, a réponse à tout. Quelques mois auparavant, l'homme était à la tête de l'Instance de prospection et d'accompagnement du processus de décentralisation (Ipapd). Donc, il sait de quoi il parle. Bon orateur, il leur a montré, sans équivoque, le plan d'action communal, tout en reconnaissant qu'il y a, certes, autant de difficultés de démarrage. Commençons par le défi démographique : ces nouvelles communes, précise-t-il, comptent, réunies, près d'un million et demi habitants répartis sur 391 secteurs (imadas). Leurs conseils municipaux totalisent 1.500 conseillers. De plus, elles s'étendent sur le cinquième du territoire national. « Donc, elles ont du poids », révèle-t-il. Et ce n'est pas tout. D'autres défis posent encore problème. Etre autonome dans la gestion du quotidien, face aux besoins pressants des citoyens n'est guère une mince affaire. De leur côté, l'on ressent un grand malaise. C'est évident ! Financements, pas de souci ! Et là, le ministre leur avait donné raison. Sans pour autant oublier de leur faire comprendre que le pouvoir local est un processus de longue haleine. Et la décentralisation tant attendue ne s'applique pas du jour au lendemain. Défis investissements, M. Hammami a dit que son département n'a pas lésiné sur les moyens : « Près de 380 millions de dinars, en guise de dons des bailleurs de fonds, sont mis à la disposition de ces nouvelles communes. Soit à raison de 1,5 MD jusqu'à 11 MD, selon la taille de la commune ». En clair, c'est un budget de financement des investissements et non de fonctionnement, confirme et précise M. Sami Mekki, directeur général de la Caisse des prêts et de soutien des collectivités locales (Cpscl). Cela dit, ces fonds tels qu'ils sont répartis seront exclusivement destinés à financer leur infrastructure de base (éclairage public, routes, voiries…), projets économiques, réaménagement ou construction de leurs propres sièges et dépôts, ainsi que l'acquisition de matériel et des équipements dont elles ont besoin. Pour lui, l'essentiel est de savoir en profiter. Et le ministre d'appeler ces municipalités à parachever leurs dossiers techniques y afférents, afin de pouvoir débloquer, d'ici sous peu, la situation. Cela outre les budgets de fonctionnement (salaires, frais du loyer et autres dépenses), estimés à 119 MD, qui leur sont déjà fournis. Mieux encore, a-t-il ajouté, une équipe de travail pluridisciplinaire sera à leur côté, pour les accompagner dans la finalisation de leurs dossiers. « Avant la révolution, ces plans d'investissement communaux avaient pris deux ou trois ans pour être avalisés». L'appui de l'Etat L'orateur est revenu sur le problème foncier auquel ces municipalités sont confrontées à leurs débuts. D'après lui, qu'elle relève du domaine de l'Etat, des conseils régionaux ou des privés, toute difficulté de ce genre pourrait être réglée d'ici avant l'été. De même, aucun souci quant à l'acquisition de matériel : « Une fois les marchés conclus, quelques 320 engins leur seront bientôt distribués », a-t-il aussi promis. Ressources humaines, un grand défi auquel font face nos municipalités, où 90% du personnel (2.200 cadres et agents) ne sont pas qualifiés, voire des ouvriers de chantier. Le diagnostic, indique le ministre, a fait qu'il faut faire appel à 486 cadres supérieurs aux profils spécialisés (finance, ingénieurs, urbanistes..) non pour être recrutés mais en tant qu'assistants pendant au moins deux ans, afin de leur faciliter la tâche. 500 autres agents seront également déployés à cet effet. Ils seront mis à contribution. En ce jour « d'apprentissage » sur le bon fonctionnement de la mairie, l'appui de l'Etat décentralisé s'est traduit dans les faits. Il incarne le vrai sens de la Cité, dans la nouvelle logique du pouvoir local, comme un acquis constitutionnel. Par ailleurs, des ateliers de travail ont été organisés auxquels ont pris part les élus des conseils municipaux et leurs présidents. Un face-à-face assez productif et qui vient à point nommé, au moment où le besoin d'aide pour s'en sortir se fait sentir. Jad Haj Boubaker, coordinateur des projets au Bureau international du travail (BIT), s'en est tenu, volontiers, à une bonne communication. Il s'est efforcé de leur présenter une approche pilote d'élaboration des plans locaux du développement communal. La bonne recette, en quelque sorte.