Par Neila Gharbi Paris, la Ville lumière ! Là, des associations culturelles tunisiennes ont pignon sur rue. Elles s'activent comme elles peuvent. Certaines disposent de moyens financiers, d'autres sont sans ressources. Mais toutes s'intéressent à la promotion du cinéma tunisien, ce qui est réjouissant en soi. La présence culturelle à l'étranger renvoie une image de l'identité tunisienne, ses traditions, ses us et coutumes, et ses mutations à travers les différentes générations successives. Le film étant plus accessible que les autres formes d'art, sa diffusion nécessite uniquement un lien via Internet, ce qui motive les acteurs culturels à sa programmation. Environ 700 mille Tunisiens sont installés en France, dont 40% vivent à Paris. Sont-ils au courant des activités organisées ça et là par les Associations culturelles ? Se déplacent-ils pour assister à une projection de film ? S'y intéressent-ils vraiment ? Le public français est-il attiré par notre cinématographie ? Le nombre reste aléatoire et tributaire de plusieurs facteurs : le genre de film, le climat, les transports, etc. Par ailleurs, l'important nombre de films proposés dans les salles commerciales offre l'embarras du choix. Ce qui n'empêche pas les actions culturelles alternatives d'être tenues même en dépit d'un public, certes, restreint mais fidèle. Parmi les événements réalisés au cours des mois de décembre 2018 et janvier 2019, la première édition de «Fenêtres sur le cinéma tunisien» (10-13 décembre 2018). Cette manifestation annuelle organisée en grande pompe par la Délégation permanente de la République tunisienne auprès de l'Unesco et le Centre national du cinéma et de l'image (Cnci) a permis de donner aux films tunisiens produits au cours de ces dernières années une certaine visibilité. De «Al Jaida» à « Hédi », en passant par « A peine j'ouvre les yeux», «Benzine», «Mustapha Z», «Tunis by night», «La belle et la meute », « Aziz Rouhou» et «Fleur d'Alep», ces œuvres avec la présence de leur réalisateur et certains acteurs ont été mises à l'honneur. Le paquet a été mis pour cette opération de promotion du cinéma tunisien, ce qui n'est pas le cas pour d'autres associations qui peinent à trouver des fonds leur permettant de mener à bien leurs activités. Parmi elles, l'Association du cinéma tunisien, qui organise les « Rendez-vous du cinéma tunisien à Paris ». Ce rendez-vous mensuel se déroulait au cinéma « La Clef » à Paris, mais ce dernier a mis la clé sous la porte depuis quelque temps et c'est la salle « Les 7 Parnassiens», sise à Montmartre, qui accueille les projections des films de l'Association. Les films sont offerts gratuitement par leur producteur. La projection a lieu en présence du réalisateur, parfois de l'acteur, dont le séjour est pris en charge par l'Association. Les bénéfices issus des entrées des spectateurs servent à payer la salle et le séjour de l'artiste. Mohamed Khiri, fondateur de l'Association et du site Cinématunisien.com, membre de la Ftca et cinéphile averti, continue à se battre pour imposer la présence des films tunisiens et même algériens et marocains, mais il risque de baisser les bras en raison de l'absence de contribution du Cnci du moins au niveau de l'octroi des copies de films. La programmation a lieu en fonction du bon vouloir du producteur et de sa disponibilité à fournir le film à titre gracieux. Pourquoi une telle réticence de la part d'une institution publique, en l'occurrence le Cnci, dont la politique devrait se situer loin de la position des deux poids, deux mesures.