La démocratie n'est pas un système parfait, mais un mécanisme perfectible à dimension humaine. Et l'homme est vivant, changeant, interactif... Autant que les organismes sociaux ou politiques dont il se dote. Cette liberté est vitale, et quels que soient les artifices par lesquels l'on s'évertuerait à figer la mécanique, la liberté individuelle sera au tournant Le député représente ses électeurs et défend leurs intérêts et leur vision au sein de l'Assemblée parlementaire élue, quel que soit le système politique et le mode de scrutin. Mais, s'agissant de ce que l'on a appelé, chez nous, le «tourisme parlementaire», certaines différences existent, d'un pays à l'autre, en liaison avec le mode de scrutin et les mécanismes de constitution des groupes parlementaires. Quoi qu'il en soit, le député, qu'il représente une région, une localité ou un groupe spécifique de citoyens, ou qu'il soit considéré, constitutionnellement, comme représentant de l'ensemble de la nation, est libre de son appartenance politique et a tout le loisir d'opter pour un groupe parlementaire de son choix et d'en changer en cours de mandat autant de fois qu'il le désire, en fonction des procédures prévues par le règlement interne de l'Assemblée. En fait, aucune clause contractuelle ne le lie à son parti d'origine, encore moins à quelque groupe parlementaire, surtout que les groupes sont un mode d'organisation facultatif interne à l'Assemblée, destiné à faciliter le travail dans les commissions et l'organisation des débats. De même que le député n'est tenu auprès de ses électeurs que par l'engagement moral qu'il opère à travers son programme électoral. Une fois élu, il a le loisir d'ajuster ses options et de remodeler ses alliances, quitte à voir ses électeurs ne plus se reconnaître en lui. Seule façon de corriger cette défaillance dans le système de représentation démocratique, la destitution est peu courante et constitue une opération lourde et peu sécurisée. A moins de concevoir des correctifs faisant figure de mécanismes de contrôle du type «démocratie directe». En Tunisie, à l'exception d'Ennahdha, tous les partis se plaignent du tourisme parlementaire, et tous y ont eu recours. Nida Tounès qui, dit-on, se proposerait de présenter un projet de loi en vue de l'interdire, a démarré sa représentation parlementaire (au sein de l'ANC) par deux élus ayant dénoncé leur première appartenance partisane. Et il vient de s'illustrer par une grande opération de ce type en intégrant plusieurs députés UPL. La démocratie n'est pas un système parfait, mais un mécanisme perfectible à dimension humaine. Et l'homme est vivant, changeant, interactif... Autant que les organismes sociaux ou politiques dont il se dote. Cette liberté est vitale, et quels que soient les artifices par lesquels l'on s'évertuerait à figer la mécanique, la liberté individuelle sera au tournant.