L'ingérence dans les affaires du ministère de l'Education a atteint un point tel qu'on ne voit plus comment on pourrait se fier aux décisions qui en émanent. La participation de la Fédération générale de l'enseignement secondaire à l'élaboration d'un nouvel échéancier des examens pose plus d'un problème. Après la signature du dernier accord avec le syndicat du secondaire, il a été décidé de constituer une commission regroupant des représentants syndicaux et du ministère pour élaborer un nouveau calendrier du contrôle continu et de l'évaluation. Ce que les gens n'arrivent pas à comprendre, c'est la présence d'une autre partie dont le profil ne correspond nullement à celui qu'il faut. En principe, cette question est, strictement, du ressort des pédagogues et des spécialistes pédagogiques du ministère, à l'instar des directeurs et des inspecteurs. L'aspect pédagogique avant tout Le syndicat n'a qu'un rôle totalement étranger à ces préoccupations techniquement pédagogiques. On interprète cette participation comme une concession protocolaire qui n'a pas sa place, notamment dans la conjoncture actuelle. A franchement parler, cette commission ne devrait comprendre que des experts appartenant au domaine de l'enseignement et non des étrangers fussent-ils enseignants à l'origine. La preuve c'est que le calendrier des examens adopté au début de cette année scolaire est le résultat de cette «coopération» ou, comme on se plaît à le dire ce «partenariat». Comme on le voit, c'est la Fédération elle-même qui ne l'a pas appliqué. Du coup, il est tombé à l'eau et les élèves des collèges et des lycées ont perdu presque deux trimestres. Qui dit que ce nouveau projet va être respecté ? Il n'y a que des propositions sans aucun engagement. Or, et à notre sens, de telles initiatives sont les prérogatives du ministère et de son personnel qualifié. C'est à lui et à lui seul qu'incombe la lourde tâche de veiller à une planification pédagogique de l'année scolaire. Seules les préoccupations pédagogiques doivent prévaloir sans autres interférences politiques ou syndicales. Il est du devoir de ceux qui s'intéressent à l'avenir et à la formation de nos futures générations de prendre en considération tous les aspects susceptibles de garantir le meilleur niveau de notre système éducatif. Il n'est pas question de continuer à marchander avec l'avenir de nos enfants même s'il s'agit de détails. Somme toute, la question du calendrier des devoirs et des examens ne peut pas être livrée à n'importe qui. Irréparable Quant aux travaux en commun entre la Fges et les services du ministère, un grand nombre d'observateurs et de parents émettent des réserves sérieuses. On juge inappropriée la présence de cette partie dans une réunion aussi cruciale d'autant plus que c'est cette même partie qui est à l'origine du chambardement sans précédent du calendrier du contrôle continu. Les mêmes observateurs ajoutent que ces promesses de rattraper le temps perdu ne sont que de vains mots puisqu'on ne peut pas réparer l'irréparable. Il ne s'agit pas, ici, de remplacer une pièce dans une machine par une autre. Le préjudice est énorme. Nos élèves ont perdu des centaines d'heures. Comment ces messieurs prétendent-ils pouvoir rattraper ce qui a été perdu ? Un vrai pédagogue ne s'aventurerait pas à faire de telles déclarations dont le seul but est de rassurer les parents et de faire amende honorable. La sincérité et la franchise veulent qu'on le dise haut et fort : rien ne pourra remplacer ce que nos collégiens et lycéens ont perdu. Le mal est fait et ce sont les prochains résultats des examens nationaux qui en seront les témoins. Tout est, justement, là pour contredire ceux qui nous promettent monts et merveilles. En effet, rien ni personne ne peut obliger les professeurs à faire des heures supplémentaires pour remplacer les heures de cours non accomplies (soit parce que ce sont les élèves qui les ont boycottées, soit que ce sont les professeurs eux-mêmes qui ont prétexté le manque d'effectifs des élèves pour ne pas les assurer). Par ailleurs, pédagogiquement et psychologiquement, on ne peut pas imposer un rythme difficilement supportable aux élèves. On comprend bien qu'il ne s'agit pas de bourrage mais de dosage. Les acquisitions ne se font pas sous forme massive, mais elles sont réparties et étalées sur une période bien étudiée. Quant aux «volontaires» qui se seraient manifestés pour aider les élèves des classes terminales à combler les lacunes, on aimerait bien croire à leur sincérité et leur désintéressement.