Une nouvelle lecture du paysage sportif et de l'industrie du sport s'impose. Quelle vocation ? Quels moyens et surtout quels modes de gestion ? Les tourmentes que vit le sport en Tunisie tant au niveau des clubs que des fédérations nous donnent un aperçu réel sur le dysfonctionnement du sport tunisien. On ne va pas rentrer dans les détails de ce dysfonctionnement et pourquoi en sommes-nous arrivés là, nous préférons tirer vers le haut et essayer de proposer une approche qui permette de rebondir et de profiter de l'extraordinaire potentiel du sport et des sportifs tunisiens. Une nouvelle lecture du sport s'impose dans le contexte tunisien: une lecture qui propose un nouveau modèle ayant pour objectif de mener vers la performance et vers l'excellence. Pourquoi fait-on du sport en Tunisie (on parle du sport de compétition et parrainé par l'Etat à travers le ministère des Sports)? Y a-t-il une politique du sport pronée par l'Etat ? Comment faire du sport une activité économique rentable et permettant de générer des revenus et d'embaucher des diplômés ? Quels changements apporter au management fédéral et à la gestion de l'élite ? Et, surtout, quelle vocation à donner au sport tunisien ? Si un débat scientifique se déclenche autour de ces questions (problématiques), une grande partie des problèmes de notre sport. L'Etat et le secteur privé… L'une des causes expliquant les tensions et les crises financières aiguës des clubs et des fédérations est la dépendance financière par rapport à l'Etat, représenté par le ministère des Sports. Tout le monde réclame des fonds auprès de la tutelle. Mais avec un budget estimé à 653 millions de dinars dont une grande partie concerne les salaires des fonctionnaires et des entraîneurs, pour 60 millions de dinars dédiés à l'investissement, cet organe peut-il jouer pleinement son rôle ? C'est clair que non. Aujourd'hui, ce ministère des Sport qui traîne des lacunes héritées et des réflexes bureaucratiques, a besoin de se «moderniser». Que faire pour que l'Etat améliore sa prestation et qu'il ne perde pas le contrôle sur l'activité sportive ? Aujourd'hui, nous pensons que l'organisation actuelle ne permet pas d'améliorer la performance sportive. Direction de l'élite, gestion des DTN, sélections régionales, et des jeunes, recyclage… toutes ces activités orchestrées par la tutelle doivent être refondées pour une meilleure prestation et une meilleure qualité. Cela dit, la présence du secteur privé est plus indispensable. Le monopole de l'Etat en sport ne sert plus à rien. De la formation à la compétition en passant par l'événementiel, le secteur privé dans le cadre d'un partenariat public-privé peut apporter de l'expertise et des moyens financiers. Pourquoi ce monopole «ridicule» des fédérations dans la pratique et la gestion de l'élite doit-il être revu et corrigé? Maintenant dans le monde entier, l'Etat implique des sociétés privées dans toutes les séquences sportives. Ce n'est pas seulement les académies qui jouent pleinement ce rôle mais aussi des experts, des agents de renommée, des sociétés d'équipement et de formation, des agences de communication, des spécialistes en logistique (notamment l'infrastructure sportive) et beaucoup d'agents qui peuvent aider le ministère des Sports et fournir des moyens financiers et un savoir que le ministère et les fédérations seuls ne peuvent pas faire. Domaine multidimensionnel Le sport en Tunisie est très mal organisé depuis des années : on n'a pas de limites claires entre les fonctions et les compétences. Trop d'interférences qui font que le produit sportif soit de mauvaise qualité. Pourtant, il y a des performances et des réalisations qui montrent que le sport a un potentiel impressionnant. Le sport va devoir adopter une nouvelle vocation, celle de répondre à toutes les attentes et satisfaire une demande importante. Il n'y a pas que les compétiteurs qui sont intéressés par la question du sport. Ces compétiteurs inclus sous le champ des clubs et les fédérations sont sur d'autres domaines sportifs et qui apportent des performances. Pour décoller, il faudra mettre de côté ce modèle archaïque de la gestion du sport. Aller vers les sports à forte valeur ajoutée est une astuce qui va aider à économiser beaucoup d'argent et de fonds publics versés dans des sports peu performants. Cela veut dire aussi que les décideurs sportifs qui nous parlent de réformes sont appelés à sortir des sentiers battus. Le sport est une activité socioéconomique qui peut aider dans la résolution de la crise de l'emploi. Regardez le sport autrement, reconnaissez les divers métiers du sport et osez le changement, le sport décollera sans doute ! Il suffit juste d'y croire et de passer à l'action.