Par M'hamed JAIBI Les craintes exprimées par l'ancien chef du gouvernement, Ali Laârayedh, quant au risque de voir un parti en formation tirer profit de l'autorité et des moyens du gouvernement invitent à se remettre dans le cadre dont il est question ici en Tunisie, dans la mesure où l'actuel gouvernement comprend de nombreux ministres nahdhaouis ainsi que plusieurs secrétaires d'Etat, conseillers et cadres supérieurs et moyens des hautes sphères de l'administration publique, et que de ce fait l'instrumentalisation qu'il craint peut provenir en réalité de plus d'un parti. Cette tendance d'inspiration populiste, faisant mine d'ignorer les traditions et les us ayant cours dans les sphères politiques du monde entier, et qui veut faire croire qu'un politicien en exercice n'a pas le droit de fonder un parti est en fait une négation totale des règles politiques les plus élémentaires. De retour de l'exile et des prisons, les militants nahdhaouis ont en 8 mois conquis le pouvoir par les urnes puis structuré leur mouvement dans les moindres parcelles du territoire national, alors qu'ils contrôlaient totalement le gouvernement et avaient injecté dans les moindres articulations du pouvoir et de l'administration des citoyens issus de leur rang qui donnaient le «la» à cette entreprise d'intégration dans les rouages. La manie qu'ont les Tunisiens de vite jeter aux gémonies ceux qu'ils ont fait mine d'adorer ressemble à un instinct d'autodestruction qui frise l'anarchie et tourne le dos à l'édification saine d'un vivre-ensemble viable et honorable.