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La genèse de la peinture naïve en Tunisie
Lu pour vous «Baghdadi Chniter»
Publié dans La Presse de Tunisie le 25 - 02 - 2019

Baghdadi Chniter nous fait immerger dans les méandres d'un art controversé, une plastique méprisant les règles académiques et exigeant des yeux d'enfant pour être saisie dans toute son ampleur. Car la peinture de Chniter, telle que montrée à profusion dans ce bel ouvrage, nous assaille, justement, avec une incommensurable naïveté spontanée, une vision singulière du monde où nous vivons, surtout de cette Tunisie éternelle dont les images tapissent les parois de notre cœur.
Vous connaissez sans doute la citation du flamboyant André Malraux selon laquelle les artistes naïfs sont ceux qui «osent croire que le temps n'est rien, que la mort même est une illusion et qu'au-delà de la misère, de la souffrance et de la peur pour qui sait voir, respirer et entendre, un paradis quotidien, un âge d'or avec ses fruits, ses parfums, ses musiques… un éternel éden, où les sources de jouvence l'attendent pour effacer ses rides, ses fatigues».
Une définition qui va comme un gant à la peinture de Chniter, telle que la présente ce bel ouvrage.
Rimbaud, Apollinaire, Uhde et Rousseau
Evidemment, nous n'allons pas surenchérir sur Malraux, mais qu'est-ce que la peinture si elle n'obéit pas à certaines règles au moment où même les expressions artistiques les plus extrêmes le font ? Pourtant, l'art de Chniter ne vient pas du néant : il appartient à une école universelle dont les choix plastiques ne respectant pas les règles de la perspective sur les dimensions, l'intensité de la couleur et la précision du dessin. Le résultat est pourtant étonnant sur le plan graphique, car il nous fait immerger dans un univers d'enfant, avec une expression «populaire» en décalage avec les courants artistiques du Main Stream.
Les anthologies disent que le vocable aurait été utilisé pour la première fois au XIXe siècle spécialement pour les œuvres de Douanier Rousseau qui naviguaient contre le courant académique, en toute indépendance des impressionnistes. C'est un poème d'Arthur Rimbaud et l'usage qui en est fait par Guillaume Apollinaire qui envoie le «naïf» sur l'orbite de l'éternel, relayés par le critique d'art et collectionneur allemand Wilhelm Uhde.
En gros, un mouvement non académique qui encense les sujets populaires comme les paysages campagnards, les costumes folkloriques, les animaux domestiques… où les effets de perspective sont géométriquement erronés, où les couleurs sont vives, souvent des aplats, où les détails sont minutieusement travaillés. Et tout se retrouve, de part en part, dans la peinture de Chniter.
Une incommensurable naïveté spontanée
Seulement, on ne peut manquer de s'interroger si l'art de Chniter fait encore partie de notre temps. Et la réponse est à glaner dans tous ces détails qui font notre vie de tous les jours et qui nous montrent à chaque instant à quel point notre existence est devenue chronométrée, structurée par les pressions grandissantes qui pèsent sur nous. Les innombrables âmes en peine, frappées de stress, vous le diront de la même manière et vous inspireront immanquablement que si une qualité est capable de faire face à cette pression, c'est bien cette spontanéité qui auréole l'art naïf tel que celui de Chniter.
Car sa peinture, telle que montrée à profusion dans ce bel ouvrage, nous assaille, justement, avec une incommensurable naïveté spontanée, une vision singulière du monde où nous vivons, surtout de cette Tunisie éternelle dont les images tapissent les parois de notre cœur. Inconscient personnel ou inconscient collectif, c'est la même joie intérieure que charrie la profusion de couleurs, toutes aussi audacieuses les unes que les autres, et la simplicité du réalisme porté à son expression la plus directe.
Une démarche plastique construite au fil des décennies, caractérisée par le délibéré du coup de pinceau qui se refuse aux manœuvres savantes aptes à faire oublier l'image au profit du sujet. Ici, vous ne verrez pas l'effet du sfumato à la Da Vinci ou du glacis à la Raphaël ou encore du souci de perspective qui faisait dire à Delacroix que même la tête n'en était aucunement exclue.
Ici et maintenant tunisien
Chniter s'interdit également les «grands» sujets liturgiques, mythologiques, symbolistes… pour un ici et maintenant tunisien dans toute la diversité de la vie triviale soit-elle du citoyen dans son environnement naturel, dans les occasions tracées par les us et coutumes, et dans le battement du cœur du temps.
Le premier jalon qui inspire Chniter dans cet ici et maintenant passe en revue l'oliveraie, la prairie, l'oasis, les bâtis… Le second dépeint les fêtes des traditions, les épousailles, la cueillette… Et le troisième s'arrête à l'allaitement, au hammam, au café… Mais ce n'est pas tant que Chniter s'enferme dans un genre car c'est tout simplement là où vont ses préférences. Néanmoins, son pinceau vogue au-delà des trois balises, vers l'urbain, le touriste, le nu, l'étranger…
Dans tout cela, pas d'économie de moyens. Rien n'est trop beau pour son art, n'est-ce pas ? Pas d'économie de patience surtout. Et, pour vous en convaincre, vous n'avez qu'à prendre le temps d'observer comme il se doit l'une de ses œuvres et vos yeux ébahis découvriront alors que, derrière cette identité accolée à la naïveté, Chniter s'est dévoué à un travail d'ingénuité et de talent pour conférer aux innombrables images créées une inégalable communauté de sens et d'essence.
L'ouvrage
«Baghdadi Chniter», 212p., mouture franco-arabe
Beau Livre sur la peinture naïve en Tunisie
Editions Rachid Regaieg, 2018
Disponible à la Librairie al Kitab, Tunis.


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