Pas question de laisser des devises circuler en dehors du circuit légal d'autant plus que les études réalisées révèlent que les sommes qui circulent dans le secteur informel sont de l'ordre de 4 milliards de dinars dont 1 à 2 milliards dans les régions frontalières entre la Libye et l'Algérie et sont utilisés dans le secteur du tourisme Aussi paradoxal que cela puisse paraître, on a constaté que des dollars et des euros circulent en dehors du circuit légal alors que la Banque centrale de Tunisie (BCT) manque de ressources en devises. Officiellement, ce sont 4 milliards de dinars qui circulent dans le secteur informel. C'est du moins ce qu'à relevé Marouane Abassi, gouverneur de la BCT lors de son audition, récemment, au sein de l'Assemblée des représentants du peuple. Même si le montant circulant en dehors du circuit légal n'est pas 12 milliards de dinars comme le laissent entendre certaines rumeurs, 4 milliards de dinars, c'est également beaucoup. En principe, l'échange des devises (achat et vente) doit se faire dans les institutions bancaires. D'ailleurs, toute personne qui a l'intention de voyager à l'étranger et qui veut changer les dinars tunisiens en devises doit se rendre à l'une des agences bancaires pour effectuer cette opération qui est notifiée. Un plafond est fixé pour échanger les dinars tunisiens contre des devises étrangères. Or, le circuit parallèle ne respecte pas ce plafond et peut fournir le montant désiré en devises. Dans le circuit légal, il est possible, notamment pour les hommes d'affaires et les personnes non résidentes d'ouvrir un compte en devises pour utiliser la monnaie étrangère dans les achats des équipements, matériels et moyens de travail. Jusqu'à une date récente, les particuliers ne peuvent acheter en devises que les produits de première nécessité comme les médicaments indisponibles en Tunisie ou qui n'ont pas leurs similaires fabriqués localement, les livres ou revues non vendus dans les kiosques et les inscriptions dans les universités ou centres de formation à l'étranger. Limitation des dépenses en devises Quelques mois plus tôt, la BCT avait arrêté une liste des produits considérés comme de luxe pour suspendre leur importation et réduire ainsi les dépenses en devises. Même si selon les principes de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à laquelle la Tunisie est membre fondateur, il n'est pas recommandé de porter atteinte à la liberté d'échanges commerciaux, il existe une clause qui tolère d'effectuer une restriction des importations quand le tissu industriel national est menacé ou encourt des risques. La Tunisie a bien utilisé cette clause qui est appliquée pour une période limitée, le temps que la menace sur l'industrie disparaisse. Donc, cette décision ne constitue pas une solution radicale et définitive si l'on veut respecter les principes de l'OMC. Pas question donc de laisser des devises circuler en dehors du circuit légal d'autant plus que les études réalisées révèlent que les sommes qui circulent dans le secteur informel sont de l'ordre de 4 milliards de dinars dont 1 à 2 milliards dans les régions frontalières entre la Libye et l'Algérie et sont utilisés dans le secteur du tourisme. Au niveau de l'Algérie, le tourisme entre les deux pays est bien actif et les touristes provenant de notre voisin sont intéressés par l'échange des dinars algériens en devises. Ils viennent nombreux passer leurs vacances en Tunisie et n'hésitant pas à échanger les dollars ou euros en dinars tunisiens. C'est le cas aussi des Tunisiens qui désirent passer des vacances en Algérie. Des dinars tunisiens sont, dans ce cas, échangés contre des dollars ou euros avant d'être échangés, de nouveau, contre des dinars algériens. La devise est souvent vendue à la tête du client sans tenir compte, évidemment, du taux de change en vigueur. L'Etat a besoin de devises Au niveau de la frontière libyenne, c'est plutôt le commerce informel qui est dynamique. Des Tunisiens n'hésitent pas à échanger des dinars tunisiens contre des dollars ou des euros. Le tourisme a également la cote dans la mesure où des Libyens voulant passer un séjour touristique ou médical dans notre pays échange la monnaie libyenne contre des devises avant de l'échanger contre des dinars tunisiens. C'est presque la même opération qui se fait au niveau des frontières algériennes. Le but étant d'avoir plus de dinars tunisiens surtout après la dépréciation de notre monnaie locale. Un euro, par exemple, peut rapporter plus de trois dinars tunisiens. C'est donc une opportunité pour les visiteurs algériens ou libyens d'effectuer un échange hors du circuit légal qui impose des conditions selon la réglementation en vigueur. A noter qu'un accord a été conclu entre la BCT et la Banque centrale libyenne, ce qui a permis d'améliorer le commerce bilatéral entre les deux pays dont la valeur est passée de 400 millions de dinars à 1,2 milliard de dinars. Un tel accord est en mesure de réduire un tant soit peu le commerce informel qui demeure encore d'actualité. A partir de Ben Guerdane et de Ras Jédir, les contrebandiers importent différents produits de consommation pour les écouler sur les marchés parallèles situés dans plusieurs régions du pays. En tout cas, l'Etat a besoin de devises, et ce, pour l'importation de divers produits comme les céréales, les hydrocarbures ainsi que les biens d'équipement et le matériel de travail, les produits semi-finis et les matières premières. Les dettes sont également remboursées en devises. Or, au cours des dernières années, les devises à la BCT ont connu une dégringolade importante à cause des facteurs endogènes et exogènes dont certains sont maîtrisables alors que d'autres échappent au contrôle des pouvoirs publics.