Quand on demandait à Bourguiba pourquoi il souhaitait instaurer l'égalité dans l'héritage, il répondait sans sourire : « Parce qu'une femme tunisienne vaut deux hommes ». Aujourd'hui, elles n'en demandent pas tant ces femmes tunisiennes qui savent être libres et responsables, traditionnelles et modernes, audacieuses et mesurées, sages et ingénieuses. Ces femmes de Tunisie ont façonné leur destin, créé des civilisations, modelé l'avenir. Mais jamais elles n'oublieront qu'elles sont filles de guerriers, mères de conquérants, compagnes de combattants. Elyssa, la Kahena, Sophonisbe, Jazia, Aziza Othmana, Saida el Manoubia, Arwa ou Om el Banine ont pour fils Hannibal le stratège, Magon l'agronome, Hanon le coureur des mers, Saint Augustin le sage, Darghouth Raïs l'audacieux, Abou Qacim Chabbi le poète, Kheireddine le réformateur, Tahar Haddad qui les a si bien comprises, et Bourguiba qui leur a donné leur exceptionnelle spécificité. Aussi, n'hésitent-elles jamais à monter au front, sitôt voient-elles menacer leurs acquis, retrouvant intacte leur instinctive solidarité, leur force de frappe, leur intransigeance. Ces femmes ont choisi de lutter pour imposer le vivre ensemble, le refus de la violence, le respect des traditions et la préservation de l'avenir. Aussi était- il temps de leur rendre justice, et de reconnaître en elles la meilleure part de l'homme.