La situation perdure dans plus de 70 institutions d'enseignement supérieur. En effet, l'Union des enseignants universitaires chercheurs de Tunisie (Ueuct) observe un mouvement de boycott administratif depuis le mois de janvier 2019. Le ministère ne peut rester les bras croisés et met en garde contre d'éventuelles retenues sur salaire. Actuellement, ce sont environ 120.000 étudiants qui ont été touchés par ces perturbations tant au niveau du premier semestre que du second. Déjà, l'Ueuct a décidé d'en faire de même pour la seconde période des examens. C'est-à-dire que les épreuves de fin d'année n'auront pas lieu. Autrement dit, c'est le même scénario que l'année dernière. A ce moment-là, l'Ueuct avait tenu bon pour qu'une année blanche soit à l'ordre du jour. De ce fait, le mouvement de l'année dernière avait duré plus de cinq mois. Heureusement, il y a eu un accord de dernière minute qui a permis de débloquer la crise et d'ouvrir la voie devant un grand nombre d'étudiants pour effectuer les examens de fin d'année. Or c'est justement cet accord de juin 2018 qui est mis en cause aujourd'hui. Le syndicat en question dénonce l'attitude du ministère de l'Enseignement supérieur qui, selon lui, n'a pas mis en application les termes de cet accord. Ce dernier prévoit, entre autres, le respect de la grille des salaires dans la fonction publique, la révision du régime de base des professeurs, la réforme du système universitaire et l'ouverture d'un concours aux docteurs sans emploi dont le nombre tournerait autour de 5.000. Il y a des craintes que ce conflit ne s'aggrave et n'aboutisse, comme le proclament les responsables de l'Ueuct, à une année blanche. Avec toutes les conséquences pour les étudiants concernés. Certes, les revendications de ces enseignants affiliés à cette organisation syndicale avaient été jugées «raisonnables», mais ce n'est pas une raison de prendre en otage des milliers d'étudiants et de perturber le rythme de l'enseignement dans un nombre important d'établissements universitaires. C'est pourquoi, les parties officielles semblent donner de la voix en soulignant l'importance de ne pas impliquer les étudiants dans un tel bras de fer. Il va sans dire que l'application de la loi serait la seule réponse à une crise aussi grave. «Travail non accompli» C'est dans ce contexte que le ministre a réaffirmé que des retenues sur salaire seront effectuées pour « travail non accompli » comme le stipule la loi. Jusqu'ici, les responsables de l'Ueuct affirment que les cours sont dispensés, normalement, mais que seuls les devoirs ne sont et ne seront pas faits. Ce qui, pour le commun des mortels, veut dire aucune évaluation. Car, en fin de compte, à quoi servent les cours sans évaluation ? Réagissant à ce qui est considéré comme une menace, l'Ueuct rappelle que si retenue sur salaire pour travail non accompli il doit y avoir, elle devrait concerner l'accord du 7 juin 2018 qui aurait dû être publié depuis le mois de décembre dernier. L'Ueuct met au défi le ministre de mettre sa menace à exécution. Il y a, également, des menaces, à peine voilées, qui transparaissent à travers les discours de cette organisation. La démonstration de force du 20 février 2019 devant le Palais de la Kasbah, où 3.500 enseignants étaient présents, n'est qu'une étape de l'escalade promise. Au menu de celle-ci, figureraient des sit-in et d'autres opérations de protestation.