A quand l'épilogue de l'affaire de l'appareil secret ? Est-on condamné à attendre les résultats des prochaines élections pour que la justice tranche ? Est-il possible que les élections législatives et présidentielle prévues pour début octobre et novembre prochains se déroulent dans la transparence comme le veulent les normes internationales et le promet l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie), alors que l'affaire de «l'appareil sécuritaire secret» imputé au mouvement Ennahdha continue à peser de tout son poids sur le paysage politique national, sans que la justice ne tranche ? Autrement dit, les partis politiques qui menacent de boycotter les prochaines échéances électorales tant que la justice n'aura pas dit son dernier mot sur l'affaire de «l'appareil secret» obligeront-ils finalement le ministère public à livrer à l'opinion publique les réalités que tout le monde attend depuis l'éclatement de l'affaire le 2 octobre 2018 quand les défenseurs des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi ont révélé des données selon lesquelles le mouvement Ennahdha aurait sous sa coupe un appareil secret qui serait impliqué dans l'assassinat des deux martyrs ? Encore une donnée d'une importance capitale : que peut faire le Conseil supérieur de la sécurité nationale présidé par le président de la République en faisant sienne l'affaire de l'appareil sécuritaire ? La question s'est posée de nouveau, hier, à l'occasion de la réunion du Conseil supérieur de la sécurité nationale quand le président de la République Béji Caïd Essebsi a tiré la sonnette d'alarme dans son allocution d'ouverture, en insistant sur la nécessité de trouver une solution finale à l'épineuse question de l'appareil sécuritaire. Les propos du chef de l'Etat sont clairs et dénotent une volonté déterminée à mettre fin à la polémique : «Il est inacceptable que l'affaire de l'appareil secret soit traitée aussi légèrement dans la rue, sans que la justice n'intervienne pour déterminer les responsabilités des uns et des autres», a-t-il notamment souligné, en estimant qu'il est temps que le dossier soit traité avec le sérieux requis dans la mesure où il s'agit d'une question de sécurité nationale qui va au-delà des tiraillements partisans, des calculs électoraux ou des ambitions personnelles. Et quand une affaire aussi importante engageant la sécurité nationale se transforme en une polémique interminable entre les avocats des deux parties en conflit — polémique meublant les soirées télévisuelles à la recherche de buzz —, on est en droit de crier halte aux dérives et d'implorer les hautes autorités, dont en premier le Conseil supérieur de la sécurité nationale, pour intervenir afin de remettre les pendules à l'heure dans le sens de la moralisation du paysage politique national où certains acteurs donnent l'impression qu'ils ne reculent devant aucun stratagème pour réaliser leurs objectifs au risque de menacer la jeune expérience démocratique dans son essence même.