Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, plaide pour la révision de la Constitution, appelle à la consécration de l'unité nationale pour sauver le pays et laisse le suspense perdurer quant à son éventuelle décision de se porter candidat à la prochaine présidentielle Hier, 20 mars, le président de la République Béji Caïd Essebsi a réuni, au palais de Carthage, les principaux acteurs du paysage politique et civil national, mais pas tous, à l'occasion de la célébration du 63e anniversaire de l'indépendance pour leur dire crûment : «La Tunisie est malade et si elle a une chance de sortir de sa crise actuelle, c'est bien en retournant à la politique d'unité nationale où tout le monde se doit d'apporter sa contribution en ayant la conviction que la patrie reste au-dessus des partis». Et le président de la République d'être encore plus explicite : «Il faut faire sortir la Tunisie de sa situation actuelle en faisant preuve de bonne volonté de la part des partis au pouvoir et aussi des partis dans l'opposition. Sauf que ce sont ceux qui assument aujourd'hui la mission de gouverner le pays qui sont appelés, en premier lieu, à trouver les solutions attendues». Le chef de l'Etat a relaté les différentes crises par lesquelles est passée la Tunisie pour tirer un enseignement majeur : «A chaque fois que les choses ont empiré, c'est en faisant prévaloir le principe de l'unité nationale que la Tunisie a trouvé son salut». «Lam Echaml», notre destin Le chef de l'Etat est parvenu à la conclusion que la Tunisie est malade et que ses enfants ont impérativement l'obligation de la sauver après avoir dressé longuement le bilan des huit années de la révolution aux plans politique, social et surtout économique. Il est revenu à la crise qui oppose les deux têtes du pouvoir exécutif, à savoir la présidence de la République et la présidence du gouvernement et a insisté sur les lectures contradictoires de l'article 71 de la Constitution concernant l'exercice du pouvoir exécutif pour souligner que même si le gouvernement actuel a été formé et a reçu la confiance du parlement «sans que je sois associé, consulté et informé, je suis toujours pour Lam Echaml», ce qui revient à dire qu'il est toujours possible de dépasser les divisions et de trouver ensemble les solutions. Et pour dépasser les difficultés actuelles, «l'Etat devrait compter sur ses ressources naturelles au lieu de compter exclusivement sur l'endettement extérieur». «Nous sommes aujourd'hui, ajoute-t-il, entrés de plain-pied dans une année électorale et nous devons nous entendre sur une compréhension partagée de la Constitution afin que la marche de développement de la Tunisie se poursuive impérativement», précise-t-il. «Aujourd'hui et au moment où nous avons convenu du caractère civil de l'Eat conformément aux dispositions de la Constitution et aussi de l'égalité totale (égalité successorale) alors que d'autres évoquent le référentiel religieux de l'Etat, il est temps de dépasser nos dissensions et de penser, ensemble, aux meilleures solutions possibles pour sauver le pays», avance-t-il. Pour conclure, le chef de l'Etat plaide pour la révision de la Constitution dans l'objectif de résoudre les différends qui pourraient surgir entre La Kasbah et Carthage Le président Caïd Essebsi n'a pas oublié d'évoquer son éventuelle candidature à la présidentielle de fin 2019 en soulignant : «que je me porte candidat ou non n'est pas aussi important que de relever les défis qui freinent le développement du pays». En plus clair, il a laissé le suspense perdurer, donnant aux pronostiqueurs la chance de poursuivre leurs paris.