Entre un transfuge de L2 et un proscrit de la L1 qui vient de faire le grand plongeon, la ligne de démarcation est sensiblement arquée. Comment survivre à une descente aux abysses et quels procédés pour s'inscrire dans la durée parmi le monde impitoyable de l'élite ? Autres temps autres mœurs ! Le COT, l'ASM, l'OB, EGSG, le SRS, l'ESZ, l'ASD, l'ASK, Jendouba Sport et bien d'autres n'ont pu éviter cette descente au purgatoire. Un supplice qui s'est transformé en enfer pour certains ! Il arrive cependant que la rétrogradation soit une chance. Une opportunité pour rebondir et revoir sa stratégie. Sauf que se limiter tantôt à prendre l'ascenseur au gré des saisons alimente la fatalité et fait chuter l'ambition à terme. Il faut comprendre par là que la plupart du temps, une fois l'euphorie de la montée retombée, la réalité rattrape les néo- cendrillons de la L1, ces promus qui veulent jouer dans la coure des grands, sans pour autant disposer des mêmes atouts que leurs adversaires de l'élite. Cruels et inflexibles, ces derniers passeront par la suite leurs nerfs sur ses nouveaux pensionnaires, histoire de raccourcir au maximum le passage de ces néophytes en L1. Cela dit, pour connaître les chances de maintien d'un nouveau promu parmi l'élite, il faudrait tout d'abord explorer son passé, son parcours sur le long et moyen terme avant d'évaluer ses chances et connaître ses projections. Strapontins à saisir Pour les clubs qui renaissent de leurs cendres, tel un phénix après un long passage au purgatoire, le souvenir des années de braise restera toujours ancré dans leurs mémoires. Car la descente en Ligue 2 représente souvent un traumatisme pour les clubs concernés. Pour certains, c'est même assimilé au début de la fin, les prémices d'une disparition à petit feu, une longue agonie. La fatalité envahira par la suite les esprits tourmentés des tenants du club qui se rendront à l'évidence. Et suite à ce destin capricieux, seuls les fans garderont la foi et braveront la tempête, le temps de s'ouvrir à nouveau des horizons prometteurs. En football, s'il faut s'armer de réalisme et d'humilité pour garder le cap, pour les clubs moins nantis, il faut toujours réfléchir à l'hypothèse d'une descente en Ligue 2. On pense toujours que cela n'arrive qu'aux autres. Or, il est par la suite difficile de se remettre des conséquences de cette erreur. Sur ce, pourquoi, la descente est souvent assimilée au purgatoire ? Primo, il est toujours difficile de conserver ses meilleurs éléments lorsque l'on est rétrogradé à l'étage inférieur. Effet d'entraînement oblige, suite à la descente, les présidents peuvent baisser le salaire de leurs footballeurs. Sauf que beaucoup de joueurs refusent la baisse de salaire automatique. Et de nombreux joueurs préfèrent partir plutôt que d'accepter un rabais sur leur fiche de paye ! Relégué en deuxième division, même à la surprise générale, des clubs formateurs tels que l'OB, ont commencé par brader leur effectif. Résultats des courses, on peine à se maintenir ou à évoluer avec une équipe bâtie de bric et de broc ! Bref, l'on ne peut changer le cours de l'histoire avec du menu fretin. Remplir ses objectifs et réduire l'aléa sportif Revisitons maintenant le cas de figure d'un club qui monte en grade et en puissance à l'instar du Croissant Sportif de Chebba, un onze qui écrase tout sur son passage en L2. Ce nouveau pensionnaire de l'élite a assuré une montée aussi providentielle que spectaculaire en Ligue 1. Certes, il y a un potentiel, c'est vrai, avec de belles structures, un exécutif aux petits soins et un public dévoué. Mais il y a surtout un projet et un engouement sans précédent autour et à l'intérieur de la bulle du club. Des atouts suffisamment importants pour être ambitieux. Voilà le secret du succès Chebbien. Ceci étant, il s'agit maintenant de se projeter sans délais. S'assurer une fréquentation record sur les gradins en vue de faire chuter les mastodontes de notre sport roi. Alimenter les caisses du club afin de s'aligner sur les budgets des médians de la L1. Toujours volet affluence, il s'agit de ne pas avoir de creux de remplissage pour une raison évidente, relative à l'apport incommensurable d'un public qui porte les siens quand l'équipe accuse un retard à l'allumage. C'est vérifiable et vérifié pour les grands de la L1. Alors, pourquoi ne pas reproduire le même schéma pour les cendrillons-outsiders ? En clair, cela aide tout simplement à remplir ses objectifs et réduire l'aléa sportif. Comme si le ciel leur est tombé sur la tête ! Ce faisant, il est admis de tous que nos clubs, nos supporters, nos techniciens et dirigeants vivent très mal le phénomène de la descente en division inférieure. Ils ressentent cela comme une grande humiliation, une grande malédiction qui assaille le club à un moment donné de son parcours et, partant, de son histoire. C'est pour cette raison que quand un club est relégué, tout le monde adopte une mine défaitiste comme si le ciel leur est tombé sur la tête. Pourtant, il suffit de bien étudier et de prendre en considération les raisons qui sont derrière cette situation pour revenir assez vite parmi l'élite. Exemple, on a vu comment l'USM, un grand club, avait rétrogradé en Ligue 2. On peut dire qu'il ne s'est pas éternisé dans cette division, puisqu'il a rejoint la Ligue 1 à terme. Cette saison, on peut dire qu'il est bien placé pour sauver sa «peau». La morale est assez évidente que la relégation n'est pas quelque chose qui va remettre en cause la valeur et le patrimoine historique du club. Bien au contraire, ce n'est qu'une remise en cause momentanée qui dénonce les errements à un moment donné du club qui aura commis au passage quelques erreurs d'appréciation, soit au niveau du choix des dirigeants, des techniciens ou des joueurs. Il est certain qu'une telle situation ne peut que révéler des carences ou des manques aussi bien sur le plan humain que matériel. Nouvel ordre national ! De point de vue analytique, l'argent, le plus souvent, explique un peu la chute d'une équipe du fait qu'elle ne dispose pas des moyens d'intéressement exigés par les nouveaux besoins du professionnalisme. Néanmoins, l'incompétence des dirigeants est le plus souvent derrière la détérioration des résultats d'un club. Les supporters sont eux aussi responsables du fait qu'ils interfèrent directement ou indirectement dans les affaires du club. Une immixtion qui, généralement, ne fait pas que du bien au club ! Toujours est-il, on peut survivre à une relégation, vite remonter et s'inscrire dans la durée en L1, pour peu qu'on parvienne à intéresser tout le monde à la vie du club en évitant les querelles intestines qui sont, le plus souvent, la cause de la perte d'un club et ce, quel que soit le niveau où il évolue.