On attendait une réponse, une réaction à la main tendue par Béji Caïd Essebsi à Youssef Chahed l'invitant à retourner à la maison. Samedi 23 mars, c'est le mouvement Ennahdha qui s'est chargé de rétablir «l'unité nationale» chère au chef de l'Etat et de jouer les bons offices entre Carthage et La Kasbah. Mais avec la réaffirmation de son soutien à la stabilité gouvernementale Quand le président de la République Béji Caïd Essebsi a tendu, dans son discours du 63e anniversaire de l'Indépendance, la main de la réconciliation à Youssef Chahed, chef du gouvernement, beaucoup d'observateurs et d'analystes se sont posé la question suivante : que fera Ennahdha au cas où le chef du gouvernement déciderait de retourner à la maison, c'est-à-dire de répondre par l'affirmative à l'appel du chef de l'Etat ? Et pour être encore plus clair, le mouvement Ennahdha est-il prêt lui aussi à appuyer l'initiative présidentielle prônant le retour à «l'unité nationale», ce qui revient à dire la réconciliation Caïd Essebsi-Youssef Chahed ? Ces interrogations, pronostics et suppositions ont dominé le paysage politique national tout au long de la semaine qui vient de s'écouler, sans que Youssef Chahed ne réponde officiellement aux avances du chef de l'Etat, se contentant de saluer, dans une brève déclaration médiatique, «le rôle hautement patriotique du président Caïd Essebsi» alors que les responsables d'Ennahdha se sont eux aussi donné le mot pour insister sur l'importance du consensus et leur attachement à «l'assainissement du climat politique général», condition qu'ils estiment comme incontournable pour que les législatives et la présidentielle prévues en octobre et novembre prochains se déroulent dans les meilleures conditions possibles. Sauf que la journée du samedi 23 mars 2019 est venue introduire une nouvelle donne : le Conseil de la choura d'Ennahdha annonce qu'il soutient «l'appel du président de la République à la restauration de l'unité nationale», ajoutant que cette position «est partagée par l'ensemble des institutions du mouvement et que le soutien de l'unité nationale constitue une constante dans la politique du parti». La déclaration issue de la réunion du Conseil de la choura rappelle, d'autre part, les appels lancés auparavant par le président du parti, Rached Ghannouchi, prônant «le retour du consensus entre le président de la République Béji Caïd Essebsi et le chef du gouvernement». Attachés à la stabilité du gouvernement Faut-il comprendre que le soutien d'Ennahdha à «l'unité nationale» signifie son acceptation de voir le gouvernement actuel maintenu ? Le Conseil de la choura est tranchant sur cette question: «Ennahdha soutient le retour à l'unité nationale (la réconciliation Caïd Essebsi-Youssef Chahed) mais il demeure attaché à la stabilité gouvernementale», souligne-t-on de source informée auprès du Conseil. Ennahdha va encore plus loin dans son engagement à favoriser le retour de «l'unité nationale» en annonçant être disposé à jouer le rôle de l'émissaire de bons offices entre Béji Caïd Essebsi et Youssef Chahed. Toutefois, le parti nahdhaoui tient à préciser que son rôle de conciliateur ne doit pas être compris comme un changement de sa position vis-à-vis du gouvernement actuel de Youssef Chahed.