Il est cependant utile de ne pas se dérober à un débat essentiel tout au long duquel Siheme Ben Sedrine a sollicité toute son énergie pour tourner le dos aux principes et aux objectifs de réconciliation nationale que porte la notion de transition démocratique, avec ses exigences complémentaires de questionnement, de reconnaissance et de dédommagement. En venant, aujourd'hui, se contenter d'un chiffrage ridiculement en deçà des attentes nationales et populaires, pour placer la balle dans le camp de l'Etat démocratique en construction, elle tente une dernière fois de camoufler la forêt par un grossier arbre entièrement composé de mauvaises herbes. Les expériences de transition démocratique menées de par le monde et qui sont devenues, en matière de législation et de jurisprudence internationale, des références impératives et des aspirations populaires légitimes, ont abouti en Tunisie à un lamentable gâchis. Et ce malgré la «générosité» des budgets alloués et la démarche autocratique dont se sont désolidarisées diverses personnalités et ont dû jeter l'éponge. Il faut s'en tenir, cependant, ici, à la nature des réponses du président du Contentieux de l'Etat, qui a affirmé «avoir adhéré au processus de la justice transitionnelle depuis l'entrée en activité de l'Instance vérité et dignité à travers l'examen des demandes de réconciliation dans des dossiers de corruption financière et administrative publiés auprès des tribunaux depuis juin 2016». C'est ainsi qu'il a, dans un communiqué, indiqué avoir apporté les réponses nécessaires aux affaires d'arbitrage d'autant que l'Etat est partenaire principal dans le processus de la justice transitionnelle à travers sa pleine adhésion à ce processus qui prend, comme il a affirmé, en considération le principe de dédommagement de l'Etat. Par ses propos, le chef du Contentieux de l'Etat réagissait mercredi aux déclarations de Sihem Ben Sedrine sur les ondes d'une radio privée et dans lesquelles elle a affirmé «que l'Etat avait préféré ne pas récupérer une somme importante d'argent au profit de la Trésorerie générale». Dans sa réaction, le chef du Contentieux de l'Etat a, par là-même, catégoriquement démenti les accusations de Ben Sedrine selon lesquelles l'Etat aurait «refusé» la somme de 1 milliard de dinars à titre d'indemnisation de la part de Belhassen Trabelsi. Démentant le fait que l'IVD lui ait présenté la moindre demande à ce titre. Pour ce qui est de Sakhr El Materi, le chef du Contentieux de l'Etat a indiqué que le montant d'indemnisation proposé n'était que de 15 millions de dinars et non pas 500 millions de dinars comme le prétend Mme Ben Sedrine. C'est du fait de ce trop faible montant proposé que le chef du Contentieux de l'Etat a dû refuser toute réconciliation avec Sakhr El Matri.