Par Mokhtar ZOUARI Grâce à une politique de santé constructive, menée depuis l'Indépendance, la Tunisie a pu avoir des indicateurs de santé qui n'avaient rien à envier à ceux des pays développés : espérance de vie dépassant, en 2010, 74 ans, mortalité infantile inférieure à 20 pour mille au moment où, dans de nombreux pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, elle se situait entre 60 et plus de 100 pour mille, éradication de toutes les maladies virales (l'hépatite virale, la poliomyélite, la rougeole, le trachome, le paludisme)… Le bilan d'un demi-siècle (1960-2010) d'action sanitaire et sociale en Tunisie était impressionnant. Le pays s'est doté de dizaines d'hôpitaux, de CHU et de centaines de dispensaires, de quatre facultés de Médecine (Tunis en 1964, Sousse et Sfax en 1974, Monastir en 1980). Les médecins tunisiens étaient rompus aux techniques de pointe, disposaient de plateaux identiques à ceux de la médecine occidentale. Ils ont, à titre indicatif, réalisé 749 transplantations rénales, et 712 greffes de moelle osseuse depuis 1986. 16 transplantations cardiaques ont été réalisées entre 1993 et 2004. La greffe du foie a été pratiquée plus de trente fois depuis 1998. Les équipes de l'hôpital Mongi Slim de la Marsa, dirigées par Dr. Tahar Khalfallah et Dr Mohamed Salah Ben Ammar, ont réalisé 24 de ces opérations. Des milliers de patients libyens et algériens se déplaçaient en Tunisie pour se faire soigner dans les cliniques. Des Européens (ennes) étaient attirés (es) par les prestations de chirurgie esthétique ou dentaire. Comment des maladies virales qui étaient éradiquées reviennent-elles aujourd'hui ? A Kasserine, d'après une source d'information, 580 cas de rougeole ont été recensés à l'hôpital régional de la région. Si le système tunisien de la santé a pu les éradiquer, c'était grâce à la vaccination généralisée. Pourquoi, aujourd'hui, celle-ci ne l'est plus ? Considéré comme le plus efficace et le plus performant d'Afrique, le système tunisien servait de modèle à de nombreux pays du continent africain. Pourquoi il ne l'est plus ? La réponse se trouve dans "l'économie de la santé". Economie=Oîkos nomos qui signifie "l'ordre dans la maison". Ne résiste au temps que ce qui repose sur "l'ordre" ! Ce n'est pas en aval, une fois le mal arrivé qu'il faut intervenir, c'est en amont des systèmes de soins.