A l'adresse de son parti, le chef de l'Etat n'a pas manqué de formuler des conseils laconiques pleins de signification, tels que de «Nida doit retrouver sa place sur la scène politique, ne pas être un parti parmi les autres...» Et surtout la phrase clé lancée en guise d'appel solennel à dimension stratégique : «Je vous demande enfin une chose, de laisser la porte ouverte aux militants qui veulent revenir aux sources, et de lever le gel de l'adhésion du chef du gouvernement Youssef Chahed» Le discours d'ouverture du congrès de Nida Tounès prononcé par le président de la République a été à la fois une adresse à la nation, un bilan de fin de mandat et une sorte de feuille de route que le fondateur de ce parti et concepteur de sa stratégie a voulu, en tant que président d'honneur, confier à ce qu'il est resté de son projet grandiose de rééquilibrage de la scène politique nationale, dont la première pierre avait été posée un certain 26 janvier 2012, contre toute attente, par son «Appel de la Tunisie» invitant tous les Tunisiens que la victoire électorale conduite par Ennahdha lors de l'élection de l'Assemblée nationale constituante inquiétait et menaçait. Le chef de l'Etat a tenté de rassurer les Tunisiens sur le fait que son mandat n'a pas été catastrophique et qu'il avait hérité d'une situation économique incontrôlable et d'un climat social de vendetta et de surenchère revendicative explosive. Deux états de fait que les gouvernements successifs n'ont pu endiguer. Le président de la République a estimé qu'il regrettait le départ trop rapide de ceux qui ont quitté Nida Tounès mais considérait que ceux qui sont restés représentent une force suffisante capable de conduire plus en avant le parti. «Nida a été créé, a-t-il expliqué, pour répondre à une responsabilité qui s'est imposée au temps de la Troïka, or ce qu'il reste de Nida Tounès est bien assez». Et d'en appeler à ce que la Tunisie se ressaisisse en comptant sur ses enfants, estimant que les élections qui arrivent devront apporter du changement au pays. « La Tunisie a besoin de changement et je ne voudrais pas me représenter à la présidentielle car j'estime que le pays a enfanté des hommes capables de mener à bien cette mission». Et à l'adresse de son parti, le chef de l'Etat ne manquera pas de formuler des conseils laconiques pleins de signification, à l'image de «Nida doit retrouver sa place sur la scène politique, ne pas être un parti parmi les autres... Et de lancer : «Nida, une responsabilité nationale, il doit laisser ses portes ouvertes, surtout que ses détracteurs font partie de ses propres enfants.» Et surtout la phrase clé lancée en guise d'appel solennel à dimension stratégique: «Je vous demande enfin une chose, de laisser la porte ouverte aux militants qui veulent revenir aux sources, et de lever le gel de l'adhésion du chef du gouvernement Youssef Chahed». Une suggestion à laquelle Hafedh Caïd Essebsi aurait réagi avec un semblant d'étonnement, tout en indiquant que le congrès comptait aborder la question l'après-midi même. Le président de la République a d'autre part évoqué son combat pour la modernité, pour le modèle tunisien de modération et pour l'égalité entre homme et femme, indiquant que la question de l'héritage est « un projet très cher à Bourguiba, qu'il n'a pas pu mener de son vivant. J'espère que Habib Bourguiba est fier de voir, de là où il est, que son œuvre se poursuit et qu'il a laissé de dignes héritiers de ses projets et non de sa personne».