A quoi a servi jusqu'ici la recherche pédagogique menée par des chercheurs en sciences de l'éducation? A pas grand-chose visiblement. Les résultats des travaux qui ont été effectués dans le domaine de l'éducation sont restés dans les tiroirs et ces recherches ont juste permis à la plupart de leurs responsables d'obtenir une promotion professionnelle. Dans le passé, sous le gouvernement déchu, des recherches étaient, certes, commanditées par le ministère, mais elles étaient effectuées dans la précipitation et répondaient à un seul objectif, à savoir miroiter l'image de la Tunisie à l'échelle internationale sans qu'on s'intéresse véritablement à leur contenu. Une journée d'études a récemment été organisée sur ce thème et a vu la participation du ministre, M. Abdelatif Abid, ainsi que de plusieurs chercheurs et spécialistes dans le domaine des sciences de l'éducation. Comment la recherche réalisée dans le domaine éducatif peut-elle contribuer à améliorer les politiques et les pratiques éducatives? Cette question a été au centre du débat et plusieurs questions ont été soulevées par l'assistance à ce sujet. «Généralement des recherches sont réalisées dans le domaine des sciences de l'éducation, soit pour être publiées ou pour obtenir une promotion professionnelle, a observé Mme Najoua Ghriss, docteur en sciences de l'éducation. Il arrivait parfois que le ministère commandite une étude sur un thème bien précis. Les travaux réalisés étaient alors effectués dans la précipitation sans répondre aux critères scientifiques de la recherche. Par ailleurs, la communication était inexistante entre les décideurs et les responsables des politiques de l'éducation et les chercheurs. Les résultats des recherches effectuées au sein du CNIPRE n'ont jamais été publiés car ils risquaient de fâcher les autorités de l'époque», a souligné la chercheuse. L'avancement de la recherche dans le domaine de l'éducation s'est, ainsi, heurté à plusieurs obstacles sans que cela ait permis d'améliorer les différentes politiques éducatives qui ont été mises en place : tout d'abord, le refus des autorités de permettre la réalisation d'études et de recherches qui révéleraient au grand jour les lacunes du système éducatif. Outre l'absence d'un budget conséquent consacré à la recherche, celle-ci a, par ailleurs, souffert de l'absence d'une vision politique claire en la matière. «La recherche nécessite beaucoup de temps et d'argent, a observé un autre chercheur. C'est ce qui a tendance à dissuader les chercheurs d'effectuer des recherches et des études dans le domaine des sciences de l'éducation. Il existe plusieurs autres entraves. Le statut de chercheur n'est pas clair. N'importe qui, prétendant appartenir à la famille éducative, peut effectuer une recherche dans le domaine des sciences de l'éducation. Il est temps de définir une politique claire en matière de recherche éducative qui doit non seulement obéir à des standards scientifiques mais répondre également à des objectifs clairs en matière de politique éducative». Abondant dans ce sens, le ministre de l'Education, M. Abdelatif Abid, a affirmé, de son côté, que les recherches et les études qui seront effectuées dorénavant dans les sciences de l'éducation seront prises en considération afin d'améliorer les approches et les pratiques éducatives.