Le Conseil national pour les libertés en Tunisie (Cnlt), présidé par Mme Sihem Ben Sedrine, a tenu hier une conférence de presse à Tunis sous le thème de la violence policière. La présidente du Cnlt a expliqué dans son intervention que l'objectif de la convocation de cette conférence de presse est de tirer la sonnette d'alarme sur des pratiques policières que nous avions cru révolues avec la chute de la dictature. D'emblée, et pour lever toute équivoque, la présidente du Cnlt précise que les actes de torture et les bavures policières enregistrés récemment, ne sauraient être assimilés à une politique d'Etat encourageant la torture. Elle pointe du doigt l'appareil sécuritaire du pays dont le mode de fonctionnement permet les pires atrocités. L'affaire du viol à deux reprises d'une jeune fille à Aïn Zaghouan par deux policiers, est, pour elle, la parfaite illustration d'une police habituée à enfreindre la loi en toute impunité. En effet, toujours selon elle, cette patrouille de police composée de trois fonctionnaires n'en est pas à sa première bavure, leur système était bien rodé, et la méthode était la même. Ils avaient les couples comme cibles. La principale raison de ce laisser-aller est le sentiment d'impunité des forces de police, qui est aggravé par la défaillance de commandement en son sein et l'absence de vision de la part du gouvernement en place. Par ailleurs, elle rappelle que le gouvernement a cessé toute coopération avec le Cnlt, qui pourrait aider à l'assainissement de l'appareil sécuritaire tunisien pour le rendre réellement au service du citoyen. De nombreuses propositions ont été faites par le Conseil, tel que l'inscription d'un matricule sur l'uniforme de chaque membre des forces de l'ordre, afin de faciliter l'identification en cas de bavure. La présidente du Conseil se demande comment on peut prétendre réformer le système en nommant un directeur de la sécurité nationale sans aucune expérience dans le domaine. L'intervenante se dit également préoccupée de la montée des «groupes violents non étatiques» communément appelés «milices», dont la prolifération est la conséquence d'un vide sécuritaire de l'Etat. Commentant enfin l'actualité, la présidente du Cnlt révèle que les salafistes préparaient leur coup depuis la veille, et que les pertes humaines auraient pu être évitées si nous avions des renseignements généraux efficaces.