La propreté n'est pas négociable, puisqu'il y va de la santé des gens. Ces dernières années, les nombreuses grèves des services concernés ont causé beaucoup de tort aux citoyens et au pays. Cela ne pourra éternellement continuer. Privatiser serait la solution pour que la Tunisie retrouve son lustre d'antan Le problème des ordures est en passe de devenir inextricable. Episodiquement et à intervalles presque réguliers, des grèves sont décrétées, soit de la part des services de ramassage, soit du côté des décharges. Aujourd'hui, dans nos villes, le citoyen est contraint de revoir à la baisse ses exigences en matière de propreté, pourvu qu'on ramasse le gros des ordures jetées partout dans les artères comme dans les espaces publics ou autres, pour le reste, papiers, cartons, sachets en plastique qui jonchent le sol, c'est un moindre mal qu'on subit avec fatalité et résignation. Il est vrai que les citoyens en sont les premiers responsables de par cette tendance générale de jeter par terre ce dont on n'a plus besoin après usage. C'est bien dommage, on n'y peut rien, car ce n'est plus un fait individuel, mais plutôt de société. C'est ainsi que nos villes, du nord du pays au sud, présentent de nos jours un paysage de désolation auquel on n'était pas habitué. La preuve, quand une grève est décrétée, tout devient immondices partout où on circule. Cela devient invivable quand les grèves se multiplient et sur plusieurs jours comme cela fut le cas au début du printemps, et tout récemment avec la fermeture de la décharge de Borj Chakir par les ouvriers sur place. Ajoutez à cela la chaleur qui a sévi ces jours-là et vous avez une capitale qui déborde d'amas d'ordures et qui dégage des odeurs nauséabondes, où dans certains coins la respiration devient impossible. En plein centre-ville à l'avenue Habib-Bourguiba et face à un hôtel où logent des touristes, un amas d'ordures monstre s'était formé et dont les traces sont encore nettes avec les restes des graisses et des huiles mélangées à la poussière formant une couche de crasse qu'on aura du mal à récurer. Pour les rues et les ruelles, c'est encore pire avec les chiens et chats errants qu'on retrouve par centaines, fourrant leurs museaux dans ces tas de honte et d'incivilité. Cela ne peut pas durer éternellement car le problème n'est plus la propreté seulement, c'est aussi et surtout devenu un problème d'hygiène et par là de santé. Le danger des épidémies n'est plus à écarter, surtout en cette période caniculaire. Danger pour la santé ! Cela est intolérable et inadmissible. Et l'on se doit de réagir quelles que soient les conséquences qui en découleraient. On n'a pas le droit de badiner avec la santé des citoyens. Les responsables au niveau municipal donnent l'impression ou d'être dépassés par les événements ou de laisser faire. Dans un précédent article au mois de mars — si je ne me trompe —, j'ai lancé de manière aimable une invitation pour une petite tournée en ville à Monsieur le Maire de Tunis pour qu'il s'arrête sur l'état désolant de cette ville. Je reviens à la charge tout en étant convaincu que ce n'est que peine perdue et que je suis comme quelqu'un qui prêche dans le désert. Mais laissons Monsieur le Maire à ses préoccupations, peut-être plus importantes, et revenons à l'essentiel pour dire qu'aujourd'hui on devra trancher dans le vif pour arrêter le mal et en finir une fois pour toutes avec une situation qui n'a que trop duré du fait d'une poignée d'activistes dont l'intérêt est peut-être de voir le pays sombrer davantage dans le chaos sous toutes ses formes. Ils prennent en otage des populations de villes entières auxquelles ils imposent la loi de la saleté et de l'insalubrité. Quelles que soient les causes défendues et les raisons invoquées, on ne peut pas admettre de vivre avec les immondices et les odeurs pestilentielles. Des solutions, il en existe. Dans bien des pays, dans plus d'une ville, on a confié cette tâche aux privés. Cela revient peut-être plus onéreux pour le citoyen qui devra payer davantage de taxes locales, mais quand il y va de sa santé, tout calcul de ce genre sera mis de côté. Certes, ce n'est pas aux citoyens de décider de la privatisation d'un tel secteur, mais n'empêche qu'ils ont leur mot à dire pour pousser les autorités à agir dans le but de mettre fin à ce fléau dévastateur qui, cette fois-ci, ne met pas seulement l'économie en danger, mais la vie des gens. Le privé n'est pas une fin en soi en la matière, mais un moyen pour que tout rentre dans l'ordre dans un secteur qui ne cesse depuis plus de trois ans de causer un grand tort aux citoyens et au pays avec cette image de la Tunisie sale et nauséabonde, véhiculée par les médias et les réseaux sociaux. La décision ne peut être prise au niveau des autorités municipales, mais au niveau gouvernemental pour qu'elle englobe tout le pays, en commençant par la capitale, les grandes villes et les stations balnéaires. C'est une exigence citoyenne que de demander que sa ville soit propre, et de ce point de vue, la société civile, à travers ses multiples ONG, devra apporter sa contribution en ce sens qu'elle devra mobiliser les gens pour exiger de l'Etat une action salvatrice, et d'en finir avec cet esprit conciliant, cause de tous les maux qui ravagent le pays. La société devra être plus entreprenante et efficace pour jouer son rôle de relais entre le citoyen et l'autorité. Agir pour que cette dernière assume ses pleines responsabilités et s'acquitte de ses devoirs envers ses gouvernés, et pour que ces derniers fassent preuve de moins d'incivilité envers leurs quartiers et leurs villes en donnant l'exemple en matière de propreté.