Une soirée de clôture sans éclat : un programme mal organisé et inachevé. Le rideau est tombé sur la 29e édition du Festival international de musique symphonique d'El Jem samedi soir, avec un concert lyrique et symphonique du compositeur tunisien Jalloul Ayed, en compagnie, au chant, de la jeune soprano Yosra Zekri. Le spectacle devait commencer à 21h00, mais à 21h45 les artistes n'ont pas encore pris place sur scène. Le public affluait encore en grand nombre, quand Jalloul Ayed est apparu sur scène pour présenter le projet « Rêves de Tunisie », l'orchestre, les musiciens et le programme de la soirée. Un exposé sur les quatre dimensions de la musique nous a été présenté par notre compositeur dans lequel il a insisté sur l'universalité de la musique et sa relation étroite avec le rêve. « Il s'agira d'une soirée qui nous ramènera vers d'autres horizons, vers d'autres rêves, traduisant notre grand amour pour la Tunisie. Les héros de la soirée, de jeunes virtuoses et artistes de la scène tunisienne, le démontreront», a-t–il annoncé. « Parce que l'universel touche les émotions, les sens et autrui, j'espère vous en donner la preuve ce soir», renchérit –il. Enfin, on passe aux choses sérieuses : un dialogue entre les instruments, le piano et le violon, une voix forte, de la danse et beaucoup d'airs inédits en dialecte tunisien étaient au menu de la dernière soirée du festival. Et c'est avec le deuxième mouvement du morceau instrumental « Mogador » de Jalloul Ayed qu'on a ouvert le bal. Sous la direction de Jalil Cherraf, le public a eu droit à une musique douce, au rythme lent où le travail harmonieux de tout l'ensemble et la complicité entre les instruments étaient mis en valeur. Puis, Yosra Zekri a fait son apparition sur scène. La soprano, à la voix puissante, a réussi à chavirer le cœur d'un public averti à travers quelques airs qu'elle a interprétés. Plus d'une vingtaine de musiciens violonistes tunisiens et étrangers, dont sept Français et un pianiste américain l'ont accompagnée dans « Casta diva », un extrait de Norma de Bellini, suivi de « Délivrance » en dialecte tunisien, un morceau écrit spécialement pour le projet « Rêves de Tunisie » par l'écrivaine Emna Rmili. La soirée s'est poursuivie avec d'autres airs classiques venus d'Italie, d'Allemagne, à l'instar de « Hijo la luna » ou encore « Meine Lippen, siekussen » et d'autres encore typiquement tunisiens, toujours écrits par Emna Rmili et composés par Jalloul Ayed, comme « La reine de la nuit », « Boujaafar » et « Mongia »... Tout un bouquet de chants lyriques du répertoire mondial, des compositions inédites de Jalloul Ayed, une belle prestation de l'orchestre symphonique tunisien du Centre, sous la direction de Samir Ferjani, et des intermèdes de violon, de danse flamenco avec Anya Yermakova ont meublé la soirée de clôture. La soprano Yosra Zekri a réussi quelques titres et en a raté d'autres, surtout ceux en dialecte tunisien et on avait du mal à déchiffrer les paroles... Parmi les travers de cette soirée de clôture, notons l'absence non expliquée de l'invité de la soirée, le baryton Haythem Hadhiri, d'où un programme inachevé, surtout quand, prise de panique, la soprano a oublié les paroles du titre final, le fameux morceau «Rêves de Tunisie». Un hommage raté à la Tunisie.