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Exclusif - Thomas Friedman (NYT) à Leaders: La Tunisie, la jeunesse et le nouveau monde
Publié dans Leaders le 10 - 05 - 2019


Les leçons de vie de Thomas Friedman à sa fille
1 - Pensez toujours en tant qu'immigrant. Restez affamé. Les immigrés sont des «optimistes paranoïaques». Ils sont optimistes parce qu'ils immigrent dans des endroits où ils sentent qu'ils auraient plus d'opportunités, mais ils sont aussi paranoïaques parce qu'ils craignent que cela leur soit enlevé à tout moment.
2 - Pensez toujours en tant qu'artisan. Soyez fier de ce que vous faites, soyez fier lorsque vous apposez votre signature sur ce que vous produisez ou réalisez.
3 - Pensez toujours comme une startup. Vous devez constamment apprendre, apprendre tout au long de la vie. Avant, nous étions préparés à apprendre, à travailler et à prendre notre retraite. La promesse d'un emploi à vie pour le gouvernement (ou le secteur privé) est terminée. Dans l'environnement d'aujourd'hui, vous apprenez / travaillez, apprenez / travaillez…. Apprendre à travailler et travailler pour apprendre...
4 - PQ + CQ QI - Le quotient QI-Intelligence - Tout compte, mais CQ et PQ - Quotient de curiosité et Quotient de passion, ça compte encore plus. Tom vit selon l'équation CQ + PQ IQ. Donnez-moi un enfant avec une passion d'apprendre et une curiosité à découvrir et je l'emmènerai avec un enfant moins passionné avec un QI élevé tous les jours de la semaine
5 - Pensez toujours en entrepreneur, à l'instar de cette serveuse dans un restaurant à crêpes: faites un bon geste, un effort supplémentaire et vous en profiterez directement. (Dans l'histoire de Tom, elle contrôlait le nombre exact de frites « réglementaires» mais elle en offrait un peu plus à chacun de ses clients comme s'il s'agissait d'une faveur personnelle. Elle a été récompensée par un pourboire de 50%, tout en fidélisant la clientèle.)
Septième étage au 1627 I Street, NW. Ambiance conviviale et studieuse au siège de la rédaction dans la capitale fédérale américaine du New York Times. Tout ici ressemble à une immense bibliothèque, sur nombre d'étages. Partout des livres, dans les bureaux, dans le grand open space aménagés en clusters. Au détour d'un petit salon, non loin du couloir, un ouvrage patrimonial trône sur une table ronde blanche: ‘'Front Pages, 1851 - 2017'', regroupant les fameuses ‘'Une''. Sur les murs, joliment encadrées, des photos historiques du NYT. La salle du comité de rédaction ressemble à celle d'un conseil d'administration avec, accrochés au mur, les portraits des grands patrons successifs du prestigieux quotidien.
Calé dans son fauteuil, savourant des dattes tunisiennes, Thomas Friedman, célèbre éditorialiste du New York Times pour les affaires étrangères et trois fois lauréat du Prix Pulitzer, se laisse aller à la confidence. Lui qui d'habitude questionne les grands de ce monde accepte cette fois-ci de jouer le jeu et de répondre aux questions de Leaders.
D'emblée, il replonge dans le monde arabe où, jeune journaliste, il avait couvert depuis Beyrouth, début des années 1980, l'invasion du Liban et le carnage de Sabra et Chatila, puis depuis Jérusalem, le conflit israélo-palestinien. Une région du monde qu'il ne cesse de parcourir. Elle lui est restée chevillée au corps et au cœur, retenant davantage son attention lorsqu'il sera chargé de suivre au quotidien le chef de la diplomatie américaine James Baker sous la présidence de George H. W. Bush, sans depuis lors s'atténuer.
Thomas Friedman revient à peine d'Amman. Beaucoup de similitudes avec la Tunisie, relève-t-il : nombre de maux communs, dans des phénomènes de plus en plus mondiaux. La menace la plus dangereuse provient de la jeunesse et du chômage. «Je continue à croire que les recommandations du Rapport arabe sur le développement humain 2002 (Pnud) (voir encadré) visant à créer des opportunités pour les générations futures» restent aujourd'hui d'une grande acuité, nous confie-t-il. Trois déficits majeurs persistent : le savoir, les libertés et l'autonomisation et l'emploi de la femme. Le système éducatif demeure très lent à se mouvoir. Demandez à vos enfants ce qu'ils veulent être en grandissant. Pas uniquement devenir, mais être. Vous serez édifiés par leur réponse.»
Le cycle de vie, selon Thomas Friedman, change de logique. «Avant on apprenait pour accéder à un emploi, puis prendre sa retraite, nous dit-il. Désormais, on apprend, on travaille, on apprend, on travaille et... on travaille pour apprendre. Le grand changement, c'est de se prendre soi-même en charge. On n'attend l'inspiration et la motivation de personne, nous sommes en plein dans l'auto-motivation. Et c'est ce qui fera de plus en plus la différence.» Allant plus loin dans ses réflexions, Friedman en fera cinq recommandations importantes à sa fille, aujourd'hui étudiante : garder l'esprit de l'immigrant, la passion perfectionniste de l'artisan, agir en mode startup, développer le quotient de curiosité et de passion et penser en entrepreneur, donnant plus pour recevoir plus. (Voir encadré 1)
‘'La Tunisie tient bon, mais...''
Trois priorités
Le rapport du Pnud sur le développement humain dans le monde arabe (2002), cité par Thomas Friedman, est riche en enseignements. Il met en évidence la nécessité pour les pays arabes de se consacrer à la réforme de leurs sociétés sur les bases suivantes:
1 - le respect le plus strict des libertés et des droits humains, pierre angulaire de la mise en œuvre d'une bonne gouvernance et, partant, du développement humain;
2 - l'autonomisation des femmes arabes, ce qui revient à offrir le plus d'opportunités possibles aux femmes et aux filles, de manière à ce qu'elles puissent développer leurs capacités humaines et les exploiter pleinement;
3 - la consolidation des systèmes d'acquisition du savoir et son utilisation efficace. En tant que moteur important du progrès, le savoir doit être mis de façon productive au service de la construction des capacités humaines dans tous les domaines d'activité sociétale afin, à terme, d'améliorer le bien-être humain dans la région.
Sur la Tunisie, Thomas Friedman est affirmatif. Il l'avait déjà écrit dans un éditorial du 22 janvier dernier dans le NYT, intitulé «Plus d'écoles et moins de tanks au Moyen-Orient.» Comment se fait-il, se demandait-il, que le seul pays du Printemps arabe à avoir réussi à effectuer une transition relativement pacifique d'une dictature à une démocratie constitutionnelle - avec l'autonomisation totale de ses femmes - soit le pays avec lequel nous avons le moins à voir et où nous n'avons jamais envoyé de soldats pour se battre et mourir? C'est la Tunisie.
«Oui, la Tunisie, poursuit-il, seul pays du Moyen-Orient à atteindre les objectifs que nous avions tant souhaités pour l'Irak, la Syrie, l'Égypte, la Libye, le Yémen et l'Afghanistan, l'a fait après avoir accueilli plus de travailleurs du Corps de la paix américain au cours des 50 dernières années que de conseillers militaires américains. Et après avoir reçu seulement environ un milliard de dollars d'aide américaine (et trois garanties de prêt) depuis sa révolution démocratique de 2010-2011».
À titre de comparaison, les États-Unis dépensent actuellement environ 45 milliards de dollars par an en Afghanistan, après 17 ans d'essais visant à le transformer en une démocratie pluraliste. C'est un contraste fou. Surtout quand on considère que la démocratie autonome tunisienne est un modèle tellement important pour la région, mais de plus en plus fragile.
Il est menacé par les grèves, l'instabilité en Libye, le ralentissement économique qui ne produit pas assez d'emplois ni de revenus pour les jeunes instruits, un prêt du Fonds monétaire international de 2016 qui empêche le gouvernement d'embaucher, ce qui crée des tensions parmi les principaux acteurs dans son accord de partage du pouvoir impliquant des syndicalistes, des islamistes, des figures de l'ancien régime et des nouveaux démocrates. Pour l'instant, la Tunisie tient bon, mais elle pourrait certainement utiliser une semaine de ce que nous dépensons en Afghanistan
Thomas Friedman ne lâche pas prise, se tenant toujours bien informé de l'évolution de la situation en Tunisie. D'ailleurs, il compte venir incessamment, hésitant entre le début de l'été, pendant les législatives en octobre prochain, ou juste après, à la veille de l'élection présidentielle.


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