Auteur de "Boudouda" et "Tarnano" et de plusieurs oeuvres iconoclastes, Mohamed Rached Hamzaoui est aussi un universitaire de renom qui a fait ses premières armes à l'université de Leiden aux Pays-Bas. Grand hommage à cet intellectuel d'exception au club Tahar Haddad dont il fut l'un des premiers animateurs... Mohamed Rached Hamzaoui est l'un des grands de la littérature tunisienne et également un universitaire de grand renom. Ecrivant surtout en langue arabe, il a publié romans et essais tout au long d'une carrière d'écrivain qui lui a valu une ample reconnaissance du public. Devenu aujourd'hui l'un des doyens de notre littérature, Hamzaoui a plusieurs cordes à son arc. Ce Tunisien qui fut le premier à fréquenter la prestigieuse université de Leiden aux Pays-Bas, fit aussi un passage remarqué à la Sorbonne où il soutint sa thèse d'Etat sous la direction de Régis Blachère. Une oeuvre plurielle Tous ces aspects de l'oeuvre de Rached Hamzaoui seront à l'honneur ce mardi 20 décembre au club culturel Tahar Haddad qui l'accueillera pour un hommage qui devrait en appeler d'autres. En effet, c'est dans le cadre de l'exposition des manuscrits de Leiden que l'ambassade des Pays-Bas en Tunisie et le club Tahar Haddad organisent cette rencontre qui se déroulera en présence de nombreux écrivains et universitaires. Cette exposition de manuscrits renvoie ainsi aussi bien aux travaux de Hamzaoui qu'à sa présence dans l'université de Leiden dont le département de langue arabe célèbre ses 400 ans d'existence. L'occasion était ainsi trop belle pour manquer de rendre hommage à ce grand professeur qui fut aussi bien le directeur de l'Institut Bourguiba des Langues vivantes que celui du Centre culturel international de Hammamet. Mohamed Rached Hamzaoui compte parmi les meilleurs lexicologues arabes en Tunisie. D'ailleurs, avec Brahim Ben Mrad, il fut longtemps la cheville ouvrière de l'Association tunisienne de Lexicologie. Il s'agit du prolongement naturel du champ de recherche de cet intellectuel dont les travaux et la thèse d'Etat sur l'histoire et l'oeuvre de l'Académie de langue arabe du Caire font autorité depuis le milieu des années soixante. Second versant de l'oeuvre de Hamzaoui, la littérature n'est pas en reste dans le parcours de celui qui nous a donné à lire les fameux "Boudouda" et autres "Tarnano", des œuvres qui demeurent d'une grande actualité et comptent parmi les textes de référence de la littérature tunisienne. Les livres de Hamzaoui sont d'une grande diversité et se caractérisent aussi bien par l'emploi d'une langue puissante que par des thématiques jugées "osées" dans les années soixante. Adepte du réalisme sociologique, auteur naturaliste, Hamzaoui a souvent décrit la pauvreté et la détresse dans ses textes. Il est à la croisée du style d'un Béchir Khraief ou d'un Ali Douagi tout en demeurant inflexible sur la langue et ses canons. De fait, les oeuvres de Hamzaoui annoncent à leur manière la littérature iconoclaste d'aujourd'hui et le courant ruraliste dans une littérature tunisienne en pleine redéfinition. Natif de kasserine, Hamzaoui avec Abdelkader Ben Cheikh ou Hassen Nasr avaient ouvert une large brèche dans l'univers du roman et permis l'éclosion d'une nouvelle école qui, malheureusement, n'est jamais allée au bout de ses intentions théoriques mais a donné naissance à de nombreuses oeuvres essentielles. Un parcours singulier Cet hommage à Mohamed Rached Hamzaoui tombe à point pour remettre à l'ordre du jour l'apport de toute une génération d'écrivains et d'universitaires qui comptent parmi les fondateurs de notre vie littéraire et académique. Cette initiative du club Tahar Haddad et de l'ambassade des Pays-Bas répare aussi un pêché d'oubli en ce qui concerne cette génération qui, de plus, demeure encore active en littérature. Entouré de ses pairs et de ses lecteurs et anciens étudiants, Hamzaoui écoutera les intervenants et donnera aussi son point de vue sur différentes questions. Il devrait aussi exposer l'originalité des études arabes à l'université de Leiden et témoigner de son parcours pluriel. Notons qu'en prélude à cet hommage, la musicienne Safa Araar donnera un récital au qanoun alors que les visiteurs pourront également retrouver l'exposition des manuscrits de l'université de Leiden qui se poursuivra jusqu'à la fin du mois de décembre avant de se déplacer à Siliana et Kairouan.