Des progrès ont été accomplis en matière de lutte contre la corruption en Tunisie, en 2016, mais ce qui a été réalisé reste en deçà de ce qui est attendu et surtout de ce qui est possible de faire, a déclaré, hier, à Tunis, le président de l'Instance nationale de lutte contre la corruption, Chawki Tabib, en présentant le rapport annuel de cette Instance pour 2016 à la presse, et à la société civile. Comportant quelques 500 pages, le rapport, le premier du genre depuis la création de l'Instance, contient une matière très dense sur la corruption en Tunisie, avec beaucoup de statistiques et de données quantitatives encadrées d'observations, d' analyses, d'affaires remarquables, et de recommandations sur les améliorations qui devraient être apportées à divers niveaux pour la réussite de l'effort national de lutte contre la corruption et le renforcement de la place qu'occupe notre pays dans ce domaine, à l'échelle mondiale. Or, comme l'a noté le président de l'Instance de lutte contre la corruption, le rang international de la Tunisie demeure assez médiocre, rapporté à l'indice de perception de la corruption établi et publié, annuellement, par l'Organisation Transparency International. En 2016, le score de notre pays a été 41 point, alors qu'elle a été classée 75ème sur 176 pays. Le score va de zéro à 100 points. La Tunisie n'a jamais atteint 50 points. Cependant, le nombre des requêtes et plaintes adressées à l'Instance a augmenté sensiblement en 2016, dépassant 9 mille dont quelques 3 mille seulement relèvent des attributions de l'Instance qui a hérité aussi quelques 5 mille dossiers de la commission d'investigation sur la corruption créée lors de la révolution. Quoique constituée en 2011, l'Instance n'a pus entamer effectivement son travail qu'en 2016, et plus exactement en mars 2016, ce qui explique qu'elle n'a pu transférer à la justice que 94 dossiers en 2016 dont des dossiers de gros calibre. A cet égard, Chawki Tabib a signalé que la corruption sévit essentiellement dans les offices, établissements et entreprises publics possédant de grandes ressources financières. Il a cité, entre autres, la STEG, la SONEDE , TUNISAIR, l'établissement de la RTT, les caisses sociales, notant qu'il a été constaté que les nouveaux corrompus d'après la révolution utilisent les mêmes stratagèmes que ceux utilisés sous l'ancien régime et qu'il s'agit parfois des mêmes personnes. A cet égard, il a déploré que des fonctionnaires de divers niveaux, impliqués dans des affaires de corruptions soumises au pôle judiciaire financier, continuent d'exercer leurs fonctions alors qu'ils devraient au moins être gelés, dans l'attente du jugement définitif de la justice, ajoutant que l'Instance a avisé la présidence du gouvernement à ce sujet et que des mesures dans ce sens avaient été prises contre certains mais que d'autres n'ont pas été inquiétés, ce qui est préjudiciable à la bonne marche de la justice. Selon Chawki Tabib, la participation des ministères à la lutte contre la corruption au sein de leurs services varie aussi d'un département à l'autre. Le meilleur exemple est fourni par le ministère des affaires sociales qui a transféré à la justice 21 dossiers, suivi par le ministère de l'agriculture avec 13 dossiers. Le ministère de l'éducation a transféré 7 dossiers, celui des finances 8 dossiers, celui de la formation professionnelle et de l'emploi 5 dossiers, le ministère de la santé 3 dossiers, alors que de nombreux scandales avaient secoué le secteur sanitaire et défrayé la chronique. Par contre, les ministères de l'intérieur, de l'enseignement supérieur, des domaines de l'Etat, de l'investissement et de la coopération internationale n'ont transmis aucun dossier. Le président de l'Instance nationale de lutte contre la corruption a mis l'accent sur la nécessité de consentir davantage d'efforts dans la lutte contre la corruption, faisant remarquer que l'investissement dans la lutte contre la corruption est un bon investissement, car, en améliorant l'image de marque de la Tunisie, en matière de transparence et de bonne gouvernance, nous encourageons les hommes d'affaires et les investisseurs étrangers et nationaux à investir et à réaliser des projets générateurs de richesses et d'emplois.