A 48 heures du sprint final et après une campagne électorale plutôt tiède, pour ne pas dire morose, les municipales auront été déjà révélatrices de certains comportements politiques avec des hauts et des bas selon les partis et les formations. «Ennahdha» et là je fais comme tout le monde, et les médias en tête, pour en parler avant toutes les autres formations comme quoi le parti islamiste a largement opéré son contrôle sur la scène médiatique après les hostilités de 2012, et la guéguerre, autour de «Iîlam el Aâr» (la presse de la honte) ! En effet, ce parti, après toutes les déclarations solennelles à son dernier congrès et au conseil de la « sainte » « choura » sur la séparation du religieux-prédicationnel « daâwique » du parti politique « civil », n'a pas trouvé mieux que de réveiller les vieux démons du vieux dossier Religion-Laïcité, et qui est à l'origine de toutes les discordes depuis 2011. Le cheikh R. Ghannouchi en personne a sillonné le pays en long et en large beaucoup moins sous l'étiquette civile, nouvellement « cravatée », mais plutôt avec la casquette du bon « frère musulman » de toujours, puisqu'il a appelé les « Musulmans de ce pays », soit 99% de la population à voter en faveur d'Ennahdha (comprenez le parti de l'islamisme politique) ! Pour le reste, rien à signaler, à part la discrétion des dirigeants au sommet de Nida Tounès qui n'ont pas pipé un mot, à part quelques belles métaphores du président de la République, M. Béji Caïed Essebsi, suivi du Premier ministre, M. Youssef Chahed, pour affirmer leur «affiliation» à Nida Tounès et nous annoncer «qu'ils savent parfaitement pour qui voter» ! Les programmes ont été plutôt répétitifs. Pas de promesses majeures, au vu de la nouvelle loi sur les collectivités locales plus ignorée et vaporeuse que jamais, à telle enseigne que le ministre en charge du dossier, M. Mouakher, a très vite fait de rassurer tout ce beau monde qui s'apprête à s'installer dans les mairies, sur l'application «par étapes» de cette loi, adoptée au pousse-pousse hâté à l'ARP, de quoi faire dire à un anglais : « Les Tunisiens sont toujours pressés... pour rien » ! Grosso-modo, la campagne s'est passée dans d'assez bonnes conditions, à part ces discours un peu trop «pieux» pour la circonstance de certains imams infiltrés politiquement depuis belle lurette avec les ministres des affaires «politiques» , religieuses de la Troïka, et qui n'ont pas manqué de promettre le paradis à ceux qui emprunteront le bon chemin d'Ennahdha, et l'enfer à toutes ces brebis égarées qui voteront contre elle. Comme quoi, ce ministère des Affaires religieuses avec bientôt 6000 mosquées, dont plus de 800 nouvelles, depuis la révolution de 2011 et dont quelques unes n'ont rien à voir avec la «neutralité» des mosquées, a largement rempli son contrat moral de protéger les acquis des partis islamistes en Tunisie !! Ceci dit le «6 mai» donnera son verdict tant attendu... Mais d'ores et déjà, la terre continuera de tourner dans le sens contraire des aiguilles de la montre, sauf pour ceux qui sont encore convaincus que la planète Terre est bien plate et que tous ces «galilées » et autres cosmo-physiciens de malheur, ne sont que de vulgaires «koffar » (mécréants) qui n'ont rien compris ! Laissez-moi dire tout de même à tous les citoyens hésitants : « prenez votre courage à deux mains et allez voter », au moins, pour éviter un réveil de cauchemar pour une Tunisie qu'on bloque et qu'on tire de toute part vers l'arrière ! Dieu, faites que ce vent du Nord et du Sud, soit plus clément !
