Le débat s'est déplacé. De son contenu, à son contenant. Un grand foutoir ! Toujours est-il, qu'il n'est pas du tout superflu, de se demander, pourquoi une interview du chef de l'Etat a-t-elle était censurée, ou montée autrement, c'est à dire tendancieusement, lorsque la parole est censée être libre de toutes entraves, BCE s'adressant à tous les Tunisiens, toutes obédiences confondues, pour les rassurer, ou pas, d'ailleurs, sur la situation actuelle du pays, et éclairer certaines zones d'ombres qui demeurent confuses, en levant les équivoques qui n'ont de cesse de jeter un discrédit, sur tout le gouvernement, président y compris, sachant qu'il est du devoir du président de la République, de parler à son peuple lorsque nécessité est là. Nécessité faisant loi lorsque l'on sait que l'enjeu est vital, et dépasse de loin, les clivages perdurant entre le fils Caïd Essebsi et, le chef du gouvernement Youssef Chahed. Lequel ne ferait plus l'unanimité et ne serait plus soutenu que par Ennahdha. Ce qui l'éloigne, allègrement, du fameux consensus qui ne fait plus foi, surtout à la lumière d'un bilan global qui serait plus que mitigé, selon les assertions même d'un BCE qui nous a renvoyé l'image d'un président, qui serait fatigué et las, d'être à ce stade de débâcle que connait le pays qui s'en va à vau-l'eau, et qu'il voudrait maintenir la tête hors de l'eau, mais n'y arrive toujours pas, au sein d'un climat de dissensions et de petits calculs, piteux et déplorables dans cette course à la chaise, qui risque fort bien d'entraîner la Tunisie à sa perte, lorsqu'elle respire déjà par apnée. Certes, à l'issue de l'entretien, l'on comprend que le sort de Chahed est scellé. Ou quasi, car ce n'est qu'une affaire de temps. Et que le fameux consensus a vécu, même s'il s'échine à vouloir le ressusciter de ses cendres, à notre sens, sans grande conviction mais pour obéir à l'exigence de l'heure, qui se fait plutôt pressante, tous les voyants étant au rouge à l'exception de quelques indicateurs qui affichent une bonne santé relative, après avoir été frappés d'anémie pendant cinq ans au moins, mais ne suffisent pas à eux seuls à remonter la pente. En revanche, ce que l'on ne peut pas cautionner, et qui n'est pas défendable, c'est que le président, en l'état de fait, ait permis que l'on travaille son interview, dans le sens d'une mise en abyme, qui s'apparenterait fort à une censure déguisée en habits de dimanche, lorsque son devoir était de se montrer impartial et neutre, combien même cela lui en coûterait. Equation difficile déjà depuis Camus. En termes de priorités, il n'y a pourtant pas photo. Il est vrai que l'enjeu majeur, dans cette affaire, ce n'est pas le fils et le père : cela en devient même, anecdotique. L'enjeu c'est ce que montre le doigt. Et qui le dépasse de quelques milliers de miles. Par delà les nuages...