La chaîne de télévision nationale « Wataniya 1 » a gratifié ses téléspectateurs par une retransmission en direct du spectacle d'ouverture de la 54è édition du festival international de Carthage avec le spectacle « De Carthage, à Séville » de Mohamed Lassoued, sous la direction artistique de Seifallah Ben Abderrazzek et l'exécution de la Troupe nationale de musique. C'était là une aubaine pour les gens qui n'y avaient pas fait le déplacement, mais aussi pour ceux de l'intérieur et de l'extérieur de la Tunisie. Mais c'était trop beau pour être vrai ! Car ladite retransmission était marquée par de multiples petites coupures aux niveaux de l'image et du son ce qui avait esquinté le spectacle. Et cerise sur le gâteau... A minuit, le rêve n'était plus permis comme dans le conte de « Cendrillon » de Charles Perrault. Il était impossible de décaler l'horaire du « sacré » journal télévisé. Il n'y avait aucune solution ! Mon oeil ! La Télévision Nationale ne pouvait pas demander à ses téléspectateurs par news barre interposée de suivre la suite du spectacle sur la « Wataniya 2 », par exemple et comme cela est d'usage. Nous étions devant un vrai « sadisme. » On avait attendu la fin du journal et du bulletin météorologique pour qu'on revienne à Carthage, ou du moins pour suivre la suite et la fin du concert en léger différé. Mais c'était déjà fini pour nous et pour eux. Pour nous autres téléspectateurs fidèles mais toujours mal récompensés et pour eux, les responsables de la télé qui ont toujours cette inexplicable peur de prendre des décisions qui s'imposent d'elles-mêmes quand il s'agit de la couverture d'un événement, ici national et international, qu'est le coup d'envoi du prestigieux festival de Carthage. Les téléspectateurs ne vont surtout pas téléphoner pour voir les infos, mais pour continuer à regarder la retransmission en direct. Et mieux encore, il ne restait pas trop de temps pour la durée du spectacle, étant donné que les artistes tunisiens et invités étrangers avaient tous chanté. Le spectacle s'était arrêté du côté de la télé et comme si de rien n'était à la chanson : « Mahla layali Ichbilya » chantée par Dorsaf Hamdani. Cette œuvre écrite par Hédi Lâabidi, composée par Sayyed Chatta et qui avait été chantée par Fethia Khairi, est un bon exemple au niveau de sa composition, du grand rapprochement et des similitudes entre les musiques tunisienne et andalouse de Séville. Couleurs andalouses Et pour retourner au spectacle, il était des plus simples pour ne pas dire des plus ordinaires au niveau de sa conception. Reste que le contenu l'a « sauvé » un tant soit peu. La seule différence réside dans le fait que les chanteurs participants étaient restés assis aux côtés des membres de l'orchestre, la Troupe nationale de musique sous la direction de Mohamed Lassoued. Les prestations de Zied Gharsa, avec sa revisite de brins du Malouf tunisien, ses improvisations sur le « Oûd Tounsi » et celles vocales avaient mis en valeur tout son art du chant et du spectacle. Quant à Dorsaf Hamdani, elle était égale à elle-même dans un morceau de Malouf tuniso-algérien que nous avions découvert depuis des lustres grâce au compositeur et maître Si Salah Mehdi. De son côté, Abbès Righi, le crooner algérien était à son aise dans la version algérienne de « Harramtou bik nouassi » et bien d'autres morceaux du Malouf constantinois. Pour sa part, la marocaine Abir El Abed est pourvue d'un talent exceptionnel chantant avec force, maîtrisant sa voix avec un air assuré. Enfin, l'espagnole Maria Marine a plongé le public dans l'atmosphère typique et joyeuse du flamenco, cette même musique qui a inspiré tant et tant de nos musiciens et chanteurs et ceux des autres pays du Maghreb depuis bien des décades. La voix espagnole était accompagnée d'une danseuse de flamenco qui a longuement mis en évidence sa maîtrise du sujet, suscitant le très bon accueil des spectateurs. Une soirée de voyage « De Carthage, à Séville », comme l'indiquait le titre du spectacle proposé.