Recherchant davantage d'informations sur les récents développements survenus dans le secteur de l'énergie, des citoyens nous ont dit avoir découvert fortuitement, dans le sillage, à travers quelques indicateurs, à quel point la situation générale de la Tunisie était préoccupante, au moment où le débat national était focalisé sur des questions plutôt marginales par rapport au contexte. Des citoyens ont signalé en particulier la chute inquiétante des avoirs en devises du pays à quelques 10 milliards dinars, couvrant à peine 71 jours d'importation, contre des avoirs en devises dépassant 15 milliards dinars couvrant près de 120 jours d'importations en 2010, et ce parallèlement à la dépréciation continue du cours du dinar tunisien. Après la polémique stérile sur le rapport de la Commission des libertés individuelles et de l'égalité (COLIBE) qui n'a fait que raviver les clivages idéologiques, l'affaire de la gestion du secteur de l'énergie en a suscité une autre qui va occulter aussi pour quelques temps les vrais défis, ont dit nos interlocuteurs. Alors que le gouvernement a placé les dernières décisions relatives à la restructuration du secteur de l'énergie dans le cadre de la lutte contre la corruption, quoique l'affaire relève de la mauvaise gestion, des hommes politiques et des syndicalistes ont mis en garde contre le retour de l'instrumentalisation des dossiers administratifs et autres pour régler des comptes d'ordre politique, comme sous l'ancien régime de Ben Ali où tout l'Etat était instrumentalisé, à cet effet. La fabrication des dossiers accablants les adversaires est le trait distinctif des régimes despotiques. C'est, entre autre, la position du dirigeant du parti Afek Tounès, Yassine Brahim, tandis que le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi, a exprimé son rejet d'une politique sélective contre la corruption. Cette prise de position du secrétaire général de l'UGTT et de quelques autres dirigeants syndicalistes mettant en doute le bien-fondé de l'affaire ayant déterminé le plan de restructuration du secteur de l'énergie, a valu à la Centrale syndicale une attaque en règle de la part de nombreux commentateurs qui l'ont accusée d'encourager la corruption. Un citoyen a noté que si, vraiment, l'affaire revient à l'exploitation d'un puits de pétrole sans autorisation, rien n'empêchait de régulariser administrativement la situation, sans avoir besoin de faire autant de tapage, car, il y a des milliers de cas semblables dans tous les secteurs, à commencer par le commerce parallèle. Mais des analystes neutres craignent de voir cette affaire contribuer à approfondir les clivages et les facteurs d'instabilité, avec comme conséquence la mise entre parenthèse des vrais problèmes qu'affronte le pays.